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On avait découvert Alexandre Rockwell et son goût pour les personnages bancals en 1992 grâce à In the soup avec le regretté Seymour Cassel. Dans la foulée, il y eut Somebody to love, un sketch de Groom Service, Louis & Frank et puis… plus de nouvelles de ce côté- ci de l’Atlantique où aucun de ses films suivants n’ont été distribués. On accueille donc Sweet thing comme le retour d’un cinéaste qui n’a jamais vraiment tenu les espoirs placés en lui. Et ces retrouvailles ne manquent pas d’éclat. Huit ans après avoir filmé sa fille et son fils, enfants, dans Little feet, Rockwell les retrouve ados dans ce portrait en noir en blanc d’une famille dysfonctionnelle du Massachusets. Vue donc par le prisme de ce duo qui va tenter de se construire – avec l’aide d’un autre jeune garçon en quête de liberté - entre un père aimant mais alcoolo (Will Patton, déjà présent dans In the soup), une mère partageant désormais la vie d’un homme violent aux instincts de prédateur sexuel et la galère de la pauvreté au quotidien. Le sujet n’est pas d’une originalité renversante mais c’est la façon empathique dont Rockwell s’en empare qui fait mouche. Son refus de tout misérabilisme, sa foi en un happy end en dépit de tous les obstacles, auquel il parvient à nous faire croire. Sweet thing a des allures de premier film par sa fougue adolescente. Celle qui fait croire qu’on raconte pour la première fois des histoires que tant d’autres ont traité. Et ce charme-là, doublé d’une BO où Van Morrison côtoie Billie Holiday et Arvo Pärt et du charisme insensé de Lana Rockwell suffisent à notre bonheur.