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Son geste cinématographique est ambitieux. Lauréate du César du court d’animation 2015 avec Les Petits cailloux, Chloé Mazlo raconte ici le destin d’une jeune Suissesse aventureuse qui, dans les années 50, quitte son pays natal pour devenir employée de maison à Beyrouth où elle va tomber amoureuse d’un astrophysicien libanais (Wajdi Mouawad, excellent) qui travaille à envoyer son premier compatriote dans l’espace. Sous le ciel d’Alice s’ouvre donc comme une comédie romantique et espiègle dans un mélange parfaitement orchestré d’animation et de prises de vue réelles. Il y a quelque chose de volontairement désuet dans l’atmosphère visuelle créée en pellicule par la chef op’ Hélène Louvart (Heureux comme Lazzaro). Comme si on feuilletait un album de cartes postales anciennes. Mais ce Paradis va devenir un enfer quand vont éclater la première guerre du Liban et les tragédies intimes et collectives qui en découlent. Pour autant, Chloé Mazlo ne change pas de style visuel et le contraste rend encore plus puissants la descente aux enfers d’un pays et le refus pour cette exilée volontaire de laisser tomber ce Liban qu’elle a fait sien. Et pour ce personnage si riche, Chloé Mazlo a eu la merveilleuse idée de faire appel à Alba Rohrwacher. Car elle est exactement à l’image de son film. A l’aise sur tous les terrains avec une puissance et une profondeur incroyablement naturelles. Rares sont les comédiennes qui peuvent tout jouer. Voilà pourquoi Alba Rohrwacher est aujourd’hui l’une des plus grandes en activité.