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Adoubé par Dario Argento, salué par Alfonso Cuarón, accompagné par un score inspiré de Clint Mansell, l’un des sommets du festival du cinéma fantastique de Gérardmer 2022 – dont il est incompréhensiblement reparti bredouille – récompensé du prix du meilleur premier long métrage à Locarno en 2021, débarque sur nos écrans. Et mérite cette réputation plus que flatteuse qui le précède. On y suit une actrice star sur le déclin (Alice Krige, absolument démente) qui, après avoir subi une double mastectomie, part en convalescence au fin fond des Highlands écossais, dans un manoir entouré d’une forêt où, des siècles plus tôt, des femmes accusées de sorcellerie, y furent brûlées vives. Un lieu aussi flippant qu’intriguant où en s’y aventurant, elle va tout à la fois voir un traumatisme du passé ressurgir – le comportement abusif dans sa jeunesse, d’un cinéaste pygmalion campé brillamment par Malcom McDowell – et y trouver les moyens de s’en venger grâce aux forces mystérieuses qui prennent possession d’elle et de ses rêves. Dans She will, l’horreur est psychologique, jamais gratuite ou gore. Charlotte Colbert signe un rape & revenge fantasmagorique, s’inscrivant pleinement dans l’ère post #metoo sans pour autant marteler scolairement les choses. Car son She will aux travellings vertigineux, se vit d’abord et avant tout comme une expérience sensorielle, où les dialogues s’effacent devant les fulgurances visuelles imaginées par une réalisatrice qui est aussi une plasticienne reconnue. Un voyage aussi déstabilisant que troublant.