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Esquive et pudeur de l’une, interrogation et incompréhension de l’autre devant cet héritage : le réalisateur Amos Gitaï aborde l’holocauste via l’histoire d’une famille, les rapports complexes d’une mère et de son fils, et s’interroge sur le travail de mémoire, la transmission, l’héritage. En adaptant le livre de Jérôme Clément, il signe un film pudique et sensible, redonnant vertu au silence, au non-dit, respectant la volonté de son héroïne (Jeanne Moreau, d’une bouleversante retenue). Il filme en de longs travellings ses personnages fuyant d’une pièce à l’autre, entre des murs témoins du passé ou mémorial d’aujourd’hui. A ses petits-enfants, en quelques mots, Rivka dira la déportation et la mort de leurs aïeux et, leur faisant promettre de lutter contre les discriminations, les inscrit dans l’avenir, sans faire peser le passé. Un message fort, face à la dérisoire action de la commission chargée d’évaluer les dédommagements aux familles juives assassinées.