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Un premier long-métrage venu de Grèce. La réalisatrice Sofia Exarchou filme une bande d’adolescents et de jeunes gens sans attache, errant dans les ruines du village olympique construit pour les J.O. de 2004, mais laissé à l’abandon depuis. Un décor fascinant qu’Exarchou utilise comme l’allégorie d’un pays délabré, abandonné, peuplé par une jeunesse désespérée et condamnée à tourner en rond dans les ruines d’une splendeur passé. Ce pourrait être lourd mais c’est puissamment incarné par des acteurs qui savent insuffler beaucoup de tension dans une succession de scènes mutiques, énigmatiques, sur lesquelles plane constamment une sensation de peur, de danger, de catastrophe imminente : jeux entre ados agressifs et humiliants ; bras de fer qui menacent de tourner à la bagarre générale ; scènes de danse ou de sexe partagées entre la joie et le malaise… Dans un registre sensuel et « animal » hérité de Larry Clark, Sofia Exarchou fait preuve d’un regard puissant. Il manque juste au film, au-delà de son ambition allégorique, une véritable épine dorsale, une attache émotionnelle, un liant qui lui aurait permis d’être supérieur à la somme de ses parties.