Première
par Thomas Baurez
Des montagnes inquiétantes, un vent à décorner les bœufs, une pluie incessante, un terrain boueux propre à effacer toutes traces... Le tout baigné dans un crépuscule quasi permanent qui recouvre de ténèbres le moindre espace... Pour son incursion dans le polar, le chinois Shujun Wei auteur de plusieurs longs métrages inédits chez nous, ne lésine pas sur la marchandise et offre une atmosphère ah hoc. Nous sommes dans la Chine des années 90, soit juste avant le boom économique. Une série de meurtres particulièrement violents ensanglante un bled en plein cœur du pays. Les autorités locales mettent la pression sur la police pour résoudre ce sac de nœuds au plus vite. Un jeune inspecteur au sang-froid débute son enquête. Et si la piste du serial-killer semble évidente, l’enquête ne cesse de buter sur des impasses. La population locale n’aide pas car dans ce coin perdu chacun se méfie de son voisin. Un ancien cinéma devient très vite le Q.G de la police. Les documents et les pièces à conviction s’amoncellent pour dessiner un scénario de plus en plus complexe et tortueux. Très vite, le récit quitte les rives du réalisme tant il semble clair que le meurtrier pourrait rester inatteignable, pour devenir une plongée mentale dans une psyché humaine abîmée. Le protagoniste ne distingue plus très bien le cauchemar, de la réalité, la nuit, du jour, la victime, du coupable... Porté par une mise en scène solide, ce Only the river flows porte en lui une tension fiévreuse qui ne faiblit pas.