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Le sport de haut niveau est tout sauf une bulle fermée au monde extérieur. On l’a encore vu cet été avec la sprinteuse bélarusse Krystsina Tsimanouskaya qui, à l’issue des JO de Tokyo, a refusé de rentrer dans son pays par crainte pour sa sécurité. Impossible de ne pas y penser en découvrant ce premier long métrage d’Elie Grappe, découvert à la Semaine de la Critique. Son héroïne est une jeune gymnaste ukrainienne promise au plus avenir mondial, partie s’entraîner en Suisse (le pays de son père décédé) à la demande de sa mère, journaliste engagée dont les enquêtes sur la corruption existant au plus haut niveau de l’Etat ukrainien provoquent la fureur du pouvoir en place. A travers ces deux générations de femmes, Olga pose la question de l’engagement total et des sacrifices qu’il exige. Côté sport où l’on met chaque jour son corps à rude épreuve pour obtenir le dixième de point qui fera toute la différence. Et côté politique où chaque nouvelle révélation est synonyme de menace de mort. On vit ce récit sous tension dans la peau et la tête de cette jeune gymnaste prenant de plein fouet une multitude d’obstacles (la difficulté de l’exil loin de ses amies, la jalousie de ses nouvelles coéquipières, les accusations de traîtrise quand elle songe changer de nationalité, la peur pour la vie de sa mère, l’angoisse des blessures…) sans jamais dévier de son but. Film de peu de mots, Olga tient en haleine de bout en bout, en s’appuyant sur une connaissance très documentée du sujet et la capacité à y injecter de la fiction sans jamais dénaturer cette réalité qui constitue son socle.