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Le précédent film de Corneliu Porumboiu, Policier, adjectif, jouait sur la durée et l’attente pour exposer les failles de tout un système judiciaire. Si Métabolisme... se livre à une même dilatation du temps, l’objectif n’est plus ici de dénoncer l’absurdité des lois mais d’énoncer un discours sur le cinéma
lui-même. Quand le personnage du réalisateur explique que le tournage en pellicule conditionne une vision du monde où les plans ne peuvent pas durer plus
de onze minutes, il détaille tout le programme de ce long métrage qui s’échine à traquer au sein de plans séquences virtuoses les jeux de pouvoir qui agitent un couple et l’angoisse liée au désir d’exigence artistique. Citant les films d’Antonioni et brillant par une mise en scène dont l’aspect rituel vire au vertige, cette démonstration théorique s’avère d’une sécheresse inédite dans la carrière du cinéaste roumain, qui nous avait habitués à des personnages plus vibrants et farfelus.
Toutes les critiques de Métabolisme - Quand le soir tombe sur Bucarest
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Corneliu Porumboiu s’est discrètement imposé comme le cinéaste le plus original de la nouvelle vague roumaine. Quand d’autres se sont occupés à donner des gages de sérieux et d’autorité, il a su éviter la dictature du sujet et les démonstrations de force en changeant de braquet à chaque film, quitte à paraître insaisissable.
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Une œuvre pince-sans-rire, habilement réflexive, intelligente et décalée, qui ressemble fort à une belle leçon de cinéma.
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"Métabolisme ou quand le soir tombe sur Bucarest" est d'abord une plongée dans les entrailles du cinéma. Porumboiu réussit le plus saisissant portrait contemporain qui soit : celui d'une nation, entre deux temps, en train de se réaliser (...). Un pays comme un cinéma en état transitoire.
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Un voyage ultime vers l'envers du décor, pourtant entaché de suspicion aussitôt que rendu visible. Quel curieux cinéaste que ce Porumboiu !
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Une farce au comique si insidieux et coupant qu’il tétanise le rire plutôt qu’il ne le fait éclater.
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Métabolisme est une belle réussite, et pour une fois qu’un cinéaste roumain tourne en dérision l’injonction tiers-mondiste du « film à sujet », on ne va pas bouder notre plaisir.
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Derrière son austérité en trompe l’œil et un goût pour le faux anecdotique, le cinéaste déploie, au contraire de son héros, une force narrative et une conviction formelle qui finissent par passionner.
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Le film avance par blocs de séquence et tente de disséquer le mécanisme intérieur d'un cinéaste au travail. Un brin théorique, le film peut s'envisager comme une leçon de mise en scène.
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Porumbiou dépeint un marivaudage où la sexualité partagée et consentie fait partie du plaisir de la découverte professionnelle de l'un et l'autre (...) En bon cinéaste, il aura falsifié le montage médical et éradiqué de l'écran la pathologie.
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“Métabolisme” est un étrange exercice de style laborieux, évocation de la création artistique et tentative de faire un cinéma moderne avec les débris d'œuvres anciennes.
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Le réalisateur prend un plaisir masochiste à souligner le décalage entre les ambitions artistiques et la réalité, triviale et forcément frustrante, de la production. [...] la dimension hautement théorique de son cinéma peine ici à s'incarner dans les personnages et leurs doutes. La sécheresse guette...
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Corneliu Porumboiu pousse vers toujours plus de dépouillement son "dogme" à la roumaine. Ne montrer que la vie sans relief (...) Mais il n'a ni la force d'un Radu Muntean ou d'un Cristi Puiu ! Difficile de ne pas sombrer dans l'ennui le plus gris.