- Première
En 2004, Rachel Mc Adams et Lindsay Lohan se crêpaient le chignon à bases de répliques cultes qui permettaient au Lolita malgré moi de Mark Waters, écrit par Tina Fey, d’accéder à ce statut. Et voici donc que le phénomène redéboule 20 ans plus tard sur nos grands écrans. Mais pas par le prisme d’un banal et classique remake. Samantha Jayne et Arturo Perez Jr. en proposent en effet une relecture, en portant à l’écran la comédie musicale écrite par Tina Fey à partir du scénario de son film. Tina Fey qui y reprend son rôle de Madame Norbury mais n’était pas présente dans Lolita malgré moi 2, spin- off, passé par la case DTV en 2011. Vous suivez ?
Les aficionados de Lolita malgré moi, eux, en tout cas ne seront pas perdus. Mean girls, Lolita malgré moi en reprend exactement les codes. On y suit Cady (Angourie Rice) qui revenue d’Afrique s’apprête à entamer une scolarité “normale” dans un lycée américain, à l’intérieur duquel les deux co- réalisateurs vont prendre un plaisir contagieux à ressusciter la bêtise des Plastiques. Et ce en donnant le ton d’entrée, ce fameux mix de parodie et d’autodérision qui constitue l’ADN de cet univers. Forcément un peu perdue, Cady est tout de suite approchée par Damian et Janis (les bizarres du lycée), qui aideront l'adolescente à intégrer la redoutable bande des Plastiques. Et à la tête du clan, on trouve celle qui règne au sommet de la chaîne alimentaire du lycée : une Regina George (incarnée par Reneé Rapp) qui balaye la version de Rachel McAdams en 2004. Véritable clef du succès du premier film, le personnage n’a plus rien à voir la Lolita qui fomente son innocence. Place ici à sa version badass. Vêtue d’un perfecto noir, la meneuse des Plastiques apparaît dans une renaissance féministe qui rappelle le nouvel essor de Sandy à la fin de Grease. La Regina George 2024 n’est ni la Lolita innocente de Nabokov, ni celle manipulatrice de Kubrick mais une lionne qui rugit au rythme de ses désirs, roulant des mécaniques dans les couloirs du lycée.
Au- delà de la métamorphose de Regina, le Lolita malgré moi 2024 revendique un cahier des charges en adéquation avec son époque, en prenant notamment à bras le corps les causes LGBTQIA+ à travers le personnage de Janis considérablement mis en avant par rapport au premier volet : lycéenne s’émancipe et assume son homosexualité dans une attitude anarchiste, invoquée par son majeur tendu bien haut qu’elle adresse à tout le monde. Et si Mean girls- Lolita malgré moi ne parvient pas à tenir sur la longueur le rythme trépidant de son entame, il reste une agréable mise à jour du phénomène Lolita malgré moi… qui donne très envie de revoir le film de 2004.
Manon Bellahcene