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Pour son premier long métrage, Brigitte Sy, metteuse en scène de théâtre, livre une épure. (...) La fiction n’intéresse pas Barbara, seule la vie l’intéresse. Avec ce qu’elle a de contraint et d’abîmé, de triomphant malgré
tout. D’improbable aussi. Car Barbara est « tombée » comme tombent ces hommes que l’on enferme. Elle est tombée amoureuse de Michel. Et Michel l’aime aussi. Ce n’est pas une peine, c’est une joie. Et elle fera tout pour lui, y compris des choses interdites. Aidée par des comédiens d’une intensité rare (Ronit Elkabetz et Carlo Brandt), Brigitte Sy, sans nier les fautes, sans jamais tricher avec la dureté du monde carcéral, filme la liberté. D’être et d’aimer. D’échapper à son destin. Ou pas.
Toutes les critiques de Les Mains libres
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Les mains libres fait partie de ces films si intelligents, si justes, si gracieux et si humbles, qu'ils revitalisent les yeux et l'esprit du spectateur. Un film de prison, peut-être, mais surtout un film de cinéma qui s'interroge sur la façon de restituer une parole, de regarder un visage, un lieu et, plus globalement, de mettre en scène un témoignage, pour témoigner à son tour.
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Depuis peu, le cinéma français nous plonge - avec une certaine pertinence - dans l’univers carcéral. « Les mains libres » est certainement une des plus belles réussites cinématographiques abordant ce thème plus que sensible en France. Ce film, né d’une femme, mêle avec intelligence et sensibilité la création et ces murs qui enferment et trop souvent brisent les êtres. Brigitte Sy montre, avec une grande justesse et dans une belle vérité, les non-dits et les peaux qui s’effleurent à l’abri des regards, les visages et les corps, les voix et ces silences qu’elle fait crier. Une fois de plus, interprétant Barbara, cette femme envahie par un homme blessé par la vie, Ronit Elkabetz est magnifique. On retrouve aussi avec beaucoup de plaisir et dans un vrai rôle au cinéma, Carlo Brandt, comédien trop rare sur les écrans. Des mains libres qui s’accrochent à la vie et vont leur chemin vers l’amour et l’amitié.
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Cette histoire, on l'a dit, est vraie. Ancienne compagne de Philippe Garrel, Brigitte Sy l'a vécue. Le film qu'elle en tire n'est pas un film sur le monde carcéral, c'est un film sur l'impulsion qui l'a poussée en prison, sur ce qu'elle y a vu, les émotions qu'elle y a ressenties... ponctuées par un mariage entre les murs de Fresnes, et la douleur de voir Michel se tuer à moto après sa sortie de tôle.
Emotions qu'elle communique par sa sincérité autant que par la rigueur avec laquelle elle compose ses plans, par la belle musique de Daniel Mille. Et par l'interprétation de Ronit Elkabetz et Carlo Brandt. -
Romantique ? Le film l'assume, le revendique même, en donnant à cette passion interdite un caractère de célébration. Brigitte Sy retrouve des échos de l'amour courtois dans la ronde amoureuse de Michel autour de Barbara, la caresse furtive de la cheville sous la table. Carlo Brandt, cheveux ras, en impose, avec sa clope tenue comme une arme, son large cou qui défie la guillotine, sa voix lourde et calme. Avec Ronit Elkabetz, tantôt madone, tantôt panthère, ils forment un couple éminemment érotique dans ce film au très beau titre qui rappelle ceux de Philippe Garrel. Un titre en guise de désir : puisque tu as les mains libres, aime-moi...
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Le dispositif est peu commun dans cette fiction, inspirée de faits réels et puisant sa force dans le cri d’une femme blessée, retrouvant goût à la vie dans le regard amoureux d’un taulard pas tout à fait repenti. L’attente et le combat de la liberté sont ici observés avec une finesse rare, tressant dans un même chant désir de cinéma et révélation amoureuse. Un voyage émouvant, magnifié par la musique profonde de Daniel Mille et par le jeu bouleversant de deux grands solistes, Elkabetz et Brandt.
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Le film recelle quelques scènes admirables – comme le témoignage du personnage de Roel (Adama Doumbia , l’interprète de La Blessure de Nicolas Klotz) – qui laissent entrevoir ce que le film aurait pu être s’il avait été un peu plus stylisé, déconnecté de la souffrance au quotidien, dépassionné en quelque sorte. C’est dommage.
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Brigitte Sy signe un film autobiographique où le mouvement de balancier du "dehors" et du "dedans" alterne, où la puissance du sentiment amoureux s’exprime dans des lettres, des mots, des regards et des caresses furtivement échangés, et où l’engagement des comédiens sidère. Film d’une très grande dignité et d’une bouleversante pudeur, "les Mains libres" tient davantage de la tragédie grecque que de la chronique sociale. L’émotion qui en sourd est totale.
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Autobiographique et romantique, «Les Mains libres» échappe aux clichés du «film de prison» grâce à sa dimension théâtrale et ses perpétuelles mises en abîme : les personnages tournent un film dans le film et les confidences des prisonniers, une fois écrites, deviennent des dialogues qu'ils (re)jouent pour la caméra de Barbara... Si la parole se révèle primordiale, le corps ne compte pas moins, avec ces mains qui se frôlent et ces baisers impossibles, et l'émotion va crescendo jusqu'au dénouement - un carton qui tombe comme un couperet. Toujours intense, l'actrice Ronit Elkabetz trouve un partenaire impressionnant en Carlo Brandt et Noémie Lvovsky, comme d'habitude, fait des étincelles.
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L’ensemble garde un côté un peu appliqué et théorique, manquant souvent de recul par rapport au matériel documentaire et autobiographique de départ et cédant par moment à un lyrisme maladroit : musique insistante, ralentis. Les touches de comédie introduites ici ou là ne convainquent qu’à demi, malgré l’oeil pétillant de Noémie Lvovsky. L’oeuvre force néanmoins le respect par l’honnêteté de son approche et l’implication très forte de Brigitte Sy et de toute son équipe dans cette entreprise risquée et inhabituelle.
Dans ce premier long métrage, la comédienne, qui a travaillé avec Philippe Garrel auquel un bref dialogue rend discrètement hommage, fait montre d’un indéniable tempérament de cinéaste.