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Le sujet est si essentiel que forcément quelque peu écrasant. Comment raconter à travers une fiction l’enfance en souffrance, ces gamins (plus de 150 millions dans le monde selon l’UNICEF) contraints à travailler dans des conditions dangereuses pour faire (sur)vivre leurs familles ? Qu’apporter de plus sans quel cela paraisse artificiel par rapport à un documentaire, forme en apparence la plus appropriée ? L’iranien Majid Majidi -dont on connaît depuis Les Enfants du ciel la capacité à raconter le monde à hauteur de mômes – apporte à toutes ces interrogations une réponse aussi virevoltante qu’originale en décidant d’emprunter le prisme du film de casse. Celui pour lequel Ali, 12 ans, et ses amis ont été embauchés par un dangereux criminel et qui a pour un cible un trésor caché dans les sous - sols à proximité d’une école que ces gamins des rues doivent donc intégrer afin de parvenir à leurs fins. Et sur cette colonne vertébrale, Majidi multiplie les films à l’intérieur de son film. Il y est à la fois question d’amour (Ali craque pour la sœur d’un de ses camarades), d’un plaidoyer pour l’éducation comme moyen de changer le cours de destins brisés à travers des personnages remarquablement écrits d’éducateurs ou encore du quotidien des migrants afghans considérés comme citoyens de seconde zone en Iran. Tout se mêle ici avec une harmonie jamais prise en défaut pour donner naissance à un film d’aventures lumineux et ludique au rythme intense. Un tour de force.