- Fluctuat
Annoncée depuis six mois comme l'événement cinématographique majeur de l'année, la sortie du Seigneur des Anneaux est attendue avec grande impatience par tous les fans de Tolkien,
comme par tous les amateurs d'Héroïc Fantasy. L'espoir patiemment nourri par quelques images distribuées à petites doses dans quelques médias sera-t-il récompensé d'un enchantement ? Oui, probablement.
On
pouvait s'attendre à tout et surtout au pire. De tels effets
d'annonce précédent la plupart du temps les pires flops. Conjugué
à la supercherie d'Harry Potter
tout cela allait finir par nous fâcher. Ici les défis à relever
étaient de taille. La complexité de l'univers de Tolkien devait
répondre à un souci de réalisme cinématographique sans devenir
à l'image une somme de trucages gadgets. De même les contraintes
de l'adaptation, les préoccupations d'une fidélité au roman
éponyme, ne devait pas prendre en otage l'imaginaire des spectateurs.
Il n'en est rien. C'est toujours pour notre plus grand bonheur
que le premier film de la Trilogie du Seigneur des Anneaux
déroule ses merveilles sous nos yeux ébahis, apeurés, tristes
et enthousiasmés.Préparé
avec un soin minutieux pendant près de sept ans par un réalisateur
passionné au point de s'investir corps et âmes dans la création
des décors comme des costumes, ce film est avant tout le fruit
d'une collaboration d'artistes de talent, enflammés par l'ampleur
de ce projet gigantesque.Certes, pas un plan n'est épargné par les trucages numériques, aussi
votre pensée raisonnante vous rappellera sûrement que dans
la vraie vie Ian Holm et Elijah Wood n'ont pas la taille de
hobbits. De même, quelques neurones vous titilleront peut-être
en vous criant que les sorciers, ça n'existe pas. Pourtant,
je serai bien étonnée de vous voir renoncer à ces belles fantaisies.
Tout d' abord car les effets spéciaux se font des plus discrets.
Plausibles la plupart du temps, seuls deux-trois ratés percent
au sein d'un film de trois heures - ce qui fait une moyenne
d'un raté par heure qu'on pourra légitimement "oublier". Grâce
à un minutieux travail, les aventures de Frodon le hobbit
s'ancrent dans une réelle féérie quotidienne.La
construction des décors débuta un an avant le tournage au
coeur de la Nouvelle Zélande. Mêlant jardins campagnards véritables,
effets numérisés et maquettes en caoutchouc ou en polystyrène,
les paysages sont montrés dans leur plus simple apparat, épaissis
du poids de la banalité. La forêt des Elfes, la caverne des
Trolls, la fournaise de Saroumane et du Seigneur Sauron... quoi
de plus normal d'y être confrontés puisqu'on sait qu'ils existent
?Loin
des décors "papier peint" les univers traversés bouillonnent
d'une vie grouillante qui surgit à chaque plan. On tremble
pour la vie de nos héros quand bien même on ferait partie
du monde des initiés à l'oeuvre de J.R.R. Tolkien. Car rien
n'est couru d'avance ; si certains spectateurs savent et ont
les outils pour se rassurer, tous resteront en haleine, ébranlés
dans leur conviction. S'écartant de tout manichéisme, Peter
Jackson n'épargne pas ses protagonistes. S'il choisit d'éluder
certaines parties du roman, il n'édulcore jamais. Faillibles,
les personnages de la Communauté de l'Anneau sont avant tout
sensibles et émouvants. Conduits par leurs croyances et leur
courage, ils s'en vont détruire l'anneau du mal, poursuivis
par ceux qui veulent s'octroyer son pouvoir.Interprétés
avec une justesse qui n'a d'égale que le professionnalisme
avec lequel l'entreprise cinématographique a été envisagée,
tous les acteurs jouent le jeu du réalisme le plus pragmatique.
Choisis avec une pertinence toute particulière, tous possèdent
un charisme énigmatique. Physiquement tous semblent d'une
double nature : mi-homme, mi-créature. Liv Tyler, dans le
rôle d'Arwen, terrienne et angélique, Cate Blanchett dans
celui de Galadriel, mi-fée, mi-sorcière et le sublime Grand-Pas,
alias Aragorn, alias Viggo Mortensen, tout aussi ambigu que
ses partenaires, oeuvrant pour le Bien mais attiré malgré
lui par le pouvoir du Mal.Jouant
des outils du cinéma fantastique, avec nos peurs les plus
enfantines et les plus ancestrales Le Seigneur des Anneaux
nous amène tambour battant d'enthousiasmes effrénés en tristesses
sans fin, ponctuant un délire d'images sombres, de luttes
harassantes et de batailles à l'épée - une fois ou deux un
peu trop longues - de plans à la simplicité bouleversante.
Le calme du désarroi remplace alors le bruit des épées, mais
sera bientôt, sans cesse, rattrapés par l'histoire, celle
d'une fuite, d'une quête et d'un apprentissage. Comme dans
les contes de Grimm, aucune violence n'est ici épargnée, mais
rien n'esr gratuit ni sanguinolent. Véritable leçon de vie
pour jeunes adolescents sensibles aux émotions cinématographiques
fortes, ce film décidément pas comme les autres, saura faire
naître un consensus de fin d'année. Comme la bûche, les huîtres
et le champagne, Le Seigneur des Anneaux est aujourd'hui
incontournable sous les sapins. Après, tout est question de
branches...Le Seigneur des Anneaux
Réalisation : Peter Jackson
Avec : Elijah Wood, Ian McKellen, Viggo Mortensen, Ian Holm, Liv Tyler, Cate Blanchett, Christopher Lee
Etats-Unis - 2001
Sur Flu :
- Lire la chronique du Retour du roi (Peter Jackson, 2003)
- Lire la chronique du Seigneur des anneaux : Les Deux Tours (Peter Jackson, 2002)
- Lire la chronique du Seigneur des anneaux (Peter Jackson, 2001)Sur le web :
- Le site officiel (Sorties et DVD).Actu Ciné King Kong x2 :
- Lire la chronique de King Kong (le remake de Peter Jackson, 2005)
- Lire la chronique du King Kong original (Merian C. Cooper et E.B. Schoedsack, 1933 - disponible en DVD/VOD)