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Dans leur cinquième long métrage, Kervern et Delépine poursuivent leur exploration de la condition des laissés-pour-compte avec la même énergie lucide, la même inventivité visuelle et le même humour noir qui les ont jusqu’ici préservés de toute lourdeur protestataire. Cette fois, ils se sont installés aux environs d’Angoulême, dans une zone suburbaine remplie de centres commerciaux. Le contraste est frappant entre cet endroit désespérément impersonnel et les gens qui viennent y chercher une illusion de (ré)confort. Ces «survivants» sont interprétés par des habitués qui, comme les membres d’une troupe, changent de rôle de film en film. On reconnaît Miss Ming, Gérard Depardieu, Yolande Moreau ou Bouli Lanners dans des apparitions burlesques. Poelvoorde, jusqu’alors fidèle mais discret, passe au premier plan pour incarner un punk SDF, son rôle le plus senti depuis longtemps. Accompagné de son propre chien, il joue la cassure avec un naturel qui donne le vertige, parvenant presque à éclipser Dupontel, pourtant difficile à concurrencer en matière d’intensité. Ensemble, ils forment le duo de choc d’une comédie de crise, paradoxale, sans espoirs ni illusions, qui fait le constat de l’inutilité des appels à la révolte, simplement parce que le lieu est mal choisi (personne ne veut foutre le feu à un centre commercial). C’est drôle et triste.
Toutes les critiques de Le grand soir
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Kervenr et Delépine sont de retour avec une fable révolutionnaire. Même si l'ensemble est moins foisonnant que "Mammuth" et certainement plus désillusionné, on retrouve dans ce film, leur humour corrosif, leur poésie destroy et leur rébellion salutaire. servi par le duo de choc Dopontel/Poelvoorde, absolument jouissif.
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Les dialogues sont formidables. Certaines séquences (...) aussi. Dupontel est ahurissant de talent. Quant à l'émotion, elle est là, constante, prégnante. Un film qui a un sacré chien !
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Dans leur nouveau film, récemment présenté au Festival de Cannes, les grolandais Gustave Kervern et Benoît Delépine s'en donnent à coeur joie dans le registre débraillé et loufoque. Fidèles à leur humour décalé et à leur passion pour les personnages à la marge, ils signent une fiction qui ne ressemble à rien de connu sur la carte du cinéma contemporain. En alignant les saynètes absurdes et provocantes - curieux cocktail de surréalisme, de noirceur sociale et de non-sens à la Jacques Tati -, Kervern et Delépine tapent (presque) toujours dans le mille. En prime, les prestations irrésistibles des acteurs, en premier lieu Benoît Poelvoorde, qui trouve ici un rôle digne de sa démesure. Dans le genre (le genre non consensuel), du grand art !
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Kervern et Delépine racontent deux frères, l'un punk, l'autre vendeur de literie (Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel, faits pour leur rôle), dans une zone commerciale où leurs parents tiennent le restaurant La Pataterie. Un décor de fin du monde libéral dans lequel les frangins vont faire leur révolution. Une révolution sans casse ni voitures flambées, plutôt nihiliste, foutraque et déchaînée, drôle et décapante, comme un grand cri d'amour à la singularité et à la différence. L'art, en général, a besoin de ces types-là pour piquer l'oeil qui s'endort. Il n'est pas interdit de détester, mais d'être indifférent, si. Restons vigilants, restons debout. Même bourrés.
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Une farce corrosive qui réinvente la fraternité et la révolte, sur fond de désespérance sociale.
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Gustave Kervern et Benoît Delépine proposent avec ce film un cinéma social au plus près de la "France d'en bas". (...) Un propos on ne peut plus d'actualité, porté par deux comédiens débordant d'énergie, qui emporte le film. Kervern et Delépine ont opté pour une mise en scène minutieuse, ouvrant la porte à de très jolis moments.(...) On pourra certes, regretter qu'il manque à ce Grand Soir la poésie et l'émotion de leur précédent film (...)
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En substance, Le Grand Soir parle d'une classe moyenne à l'agonie, confrontée aux dérives de la société de consommation, à l'absence de solidarité, à une compétitivité incessante et au fliquage permanent (...). Pour autant, pas de manichéisme ni de condescendance : Delépine et Kervern tiennent leurs personnages debout et leur rendent une liberté à une époque où le politiquement correct bride l'hédonisme et la singularité. Ils posent de bonnes questions : y a-t-il une place pour les outsiders ? Existe-t-il une alternative dans ce monde de cons où chacun semble parqué chez soi ou aliéné aux réseaux sociaux? Leur réponse, c'est que les gens ne sont ni bons ni mauvais, ils agissent comme des chiens de Pavlov parce que c'est la crise et qu'ils cherchent juste à conserver l'illusion d'une liberté et d'une propriété privée
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Une comédie sociale déjantée et tendre, avec un casting formidable, par le duo Grolandais de Mammuth.
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Les réalisateurs de "Mammuth" et "Louise-Michel", joyeux transfuges de "Groland", se donnent un mal fou pour avoir l'air de jean-foutre, mais leur comédie brillante et désespérée vibre d'amour pour le cinéma.
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Le talent de Kervern et Delépine s'illustre dans leur manière brutal et poétique de peindre de outsiders et dans le choix de leurs interprètes exceptionnels Albert Dupontel et Benoît Poelvoorde. Une réussite.
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Dupontel et Poelvoorde, ont une complicité potache qui déteint à l'écran et forment une conjugaison de talents très différents qui donne tout son sel au Grand Soir, formidable western social orchestré par Benoît Delépine et Gustave Kervern.
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Enivrés par leur imagination qui déborde comme une bière pression, Delépine et Kervern poètent comme ils respirent.
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(...) cinéma minimaliste, lieux anonymes, photographie sans apprêt, filmage frontal. C'est le propos qui supporte le film. Nul besoin d'effet de style pour éclabousser le conformisme ambiant. (...) avec son humour décapant et sa démarche en zigzag, ["Le Grand Soir"] affirme la liberté de l'individu à se bâtir une autre vie, connaître une existence qui puisse se construire autrement que dans la marginalité et l'exclusion.
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Benoît Poelvoorde trouve là l'un des rôles les plus bouleversants de sa carrière.
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Les cinéastes signent un conte social drolatique porté à bout de crêtes par des comédiens déjantés.
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"Le Grand Soir" invite à une virée à tombeau ouvert, drôle et touchante, barrée et politisée. Un grand film en somme.
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Au vu de son casting explosif et du brio de sa mise en scène, "Le Grand Soir" devrait logiquement casser la baraque à frites.
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Entre critique sociale, rire féroce et révolte poétique, un conte amer sur les dégâts du capitalisme.
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Une fable anar allègrement iconoclaste de Delépine et Kervern. Les réalisateur Grolandais ne font pas dans la dentelle c'est sur, mais le film est très bien servi par le tandem Dupontel-Poelvoorde.
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Le duo Kervern/Delépine poursuivent leur déboulonnage de la société moderne en la confrontant à une réflexion libertaire et anarchiste qui ne la ressort pas grandie. Humour sardonique assurée.
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Un ton en dessous de Mammuth et surtout de Louise-Michel, mais que c’est bon tout de même de retrouver l’univers anar-Groland post-punk du duo Kervern/Delépine.
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Avec « le Grand Soir », comédie anar teintée de noir, Benoît Delépine et Gustave Kervern montrent les limites d’une utopie qui n’existe plus désormais qu’à l’échelle individuelle. Ils sacrifient à leur genre préféré : le road-movie (ici, en circuit fermé dans un décor de western, ce qui les oblige à réfléchir sur l’espace). Marquent de leur poésie kaurismakienne quelques scènes (Brigitte Fontaine épluchant des patates, le passage éclair de Gérard Depardieu, un pendu tournant sans fin sur un manège). Mais négligent d’approfondir leurs personnages et privilégient l’excentricité de la saynète à la continuité du récit. Le film, on s’en doute, s’en trouve considérablement amoindri.
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Ce refus borné de la narration, c'est un " no future " en réponse à un autre, celui de la crise économique. Les scènes ainsi ne tentent jamais rien au-delà d'elles-mêmes, préférant pousser jusqu'au point ultime d'absurdité, façon Chaplin qui visse des écrous dans le vide.
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Le film laisse néanmoins l'impression que les excentricités de ses personnages ne suffisent pas à faire décoller complètement le récit et l'idéal dont il est porteur.
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Aidé de réplique irrésistibles et de quelques scènes loufoques, le duo fonctionne. Mais le scénario, pas très fourni, s'étiole et laisse peu à peu ses héros en plan. Dommage.
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Le film cultive avec un tel soin sa propre "norme de la subversion" qu'il se retrouve impuissant à y semer les graines d'un désordre qu'il ne cesse d'implorer. Somme toute, il faudrait "tout faire péter", mais surtout pas les recettes déjà bien arrêtées de ce petit cabaret.