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Marie est belle et exubérante –Suzanne Clément dans son élément. Son fils Adrien, préado tourmenté, parle peu, sauf à cette mère entière qui occupe tout l’espace. Le père, Romain, a refait sa vie avec une peintre taiseuse. Présent, les pieds sur terre, il a du mal à communiquer avec ce garçon que la nouvelle de la maladie de Marie va pousser à embrasser la vie. À la façon de Noémie Lvovsky dans Demain et tous les autres jours, Colombe Savignac et Pascal Ralite adopte le point de vue de l’enfant confronté au désordre, mental ou physique, d’une maman condamnée à lâcher prise. Avec une rare justesse, et malgré quelques béquilles scénaristiques éculées (les scènes de piscine purificatrices, l’art comme facteur d’épanouissement personnel), ils parviennent à capter ce terrible flottement existentiel s’intercalant entre les intenses moments de vie et la mort qui rôde, et qui s’accompagne d’une redistribution des cartes affectives : il va s’agir pour Adrien d’entamer une véritable relation avec son père et de tisser avec sa belle-mère des liens nouveaux et durables. D’une facture solide et évitant le piège de la joliesse, Le Rire de ma mère fait exister les personnages dans toute leur complexité -certains en une scène, comme les parents à cran de Marie. On en retient les performances de Pascal Demolon, bouleversant en père maladroit et ex bienveillant, et de Sabrina Seyvecou, qui donne une épaisseur inattendue au rôle ingrat de la belle-mère rivale.