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Nous sommes ici à la lisière de deux mondes, comme le film se situe entre documentaire et fiction : le dictateur est tristement authentique tandis que le médecin est pure invention. Dans sa dernière partie, «Le Dernier roi d’Ecosse» bascule dans une horreur dont la vérité indéniable semble parfois «fictionnelle» tant la barbarie déployée dépasse l’entendement. (…) Le Général Idi Amin Dada, détrôné en 1979 et mort en 2003, est désormais personnage de cinéma, pour toujours lié au visage de Forest Whitaker, passant du fragile au monstrueux comme personne.
Toutes les critiques de Le Dernier Roi D'Ecosse
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Alain Spira
Adapté du roman de Giles Foden (éd. de l’Olivier), ce film puissant apporte un témoignage inédit sur la vie quotidienne de ce « roi » visionnaire que le pouvoir entraînera dans un délire paranoïaque meurtrier – près de 500 000 morts au total. Forest Whitaker, presque en transe tant il est possédé par son personnage, signe ici une performance digne d’un Oscar. A travers le trajet initiatique de ce médecin à peine sorti de l’adolescence, ce drame africain nous tend un miroir aux alouettes pour nous rappeler que le pouvoir aveugle souvent ceux qui s’en approchent. Qu’il s’agisse des dirigeants ou de leurs courtisans.
- Fluctuat
Années 1970. Nicholas Garrigan, jeune médecin écossais fraîchement diplômé, fuit le poids du père en posant un doigt sur une mappemonde. Direction : l'Ouganda. Un brin d'aventure, un coup de chaleur, de jolies filles olives, le sentiment d'apporter quelque chose. Sa rencontre fortuite avec Idi Amin Dada, leader fraîchement installé à la tête du pays, viendra très vite craqueler le tableau idyllique de ce début de carrière.
- Vos impressions : forum Le dernier roi d'EcosseImpressionnant, charismatique autant qu'inquiétant, son nouvel employeur a des armes convaincantes. Doucement, le jeu de séduction glisse vers la terreur, Amin Dada révélant une nature dangereusement ambivalente. Au plan privé, public, national et bientôt international, l'homme développe une paranoïa meurtrière. Naïf, dépassé par des événements dont l'ampleur lui échappe d'abord, Nicholas se retrouve coincé sur son terrain de jeu transformé en bain de sang. En plus il a joué avec une des femmes du président, alors bon.La force du message historico-politique mise en lumière par un personnage de fiction, l'Afrique traitée par les grands studios américains, voilà deux dimensions du Dernier Roi d'Ecosse qui rappellent une autre sortie récente : Blood Diamond d'[people rec="0"]Edward Zwick[/people]. Hollywood aurait-elle une conscience, finalement ? Le continent Noir émerge par touches dans ses productions, et c'est tant mieux. Le propos dénonce généralement, se focalise sur la violence et l'horreur de certains épisodes. Ok, l'Afrique ce n'est pas que ça, il serait bien de le rappeler, mais peut-être vaut-il mieux cette facette que le boycott complet. Angola ? Ouganda ? Au moins quelques texans apprendront les noms de ces pays dont les consonances leur paraîtront étranges, voire gentiment exotiques.Ces dimensions précédemment citées constituent par ailleurs deux points forts du film de Kevin Mac Donald (Oscar du meilleur documentaire pour Un jour en septembre). En adaptant le roman de Giles Foden, il joue la carte de la fiction, mais en bon documentariste ne lâche pas la bride de la réalité. Le look, le grain sont très seventies, le visage de l'Ouganda se dessine sans caricature sinon celle paradoxalement juste du dictateur, véritable cas d'école psychiatrique aussi magistralement écrit qu'interprété. La réalité, c'est aussi l'extrême dureté de certaines images - âmes sensibles attention - et l'homme placé au coeur : concentré sur une histoire individuelle, fictive, le scénario décrypte les mécanismes psychologiques, regarde les événements de l'intérieur pour toucher leur complexité, éclaire le fait politique en pointant des failles, des troubles, des doutes, des croyances fondamentalement humains. Partir de l'individu pour tenter de comprendre, zoomer pour ensuite mieux gérer la distance, atteindre une vérité faite de nuances, et enfin laisser aux autres la question du jugement.A la lisière entre le rire et la cruauté, Forest Whitaker est Amin Dada comme personne d'autre n'aurait pu l'être. Golden Globe du meilleur acteur pour sa performance soufflante, il est nominé aux Oscars également où il pourrait bien recevoir la même punition. En face, le jeune James McAvoy n'a plus rien du faune du Monde de Narnia. Enthousiaste, inventif et juste, il ne perd jamais le fil de son personnage, et s'auréole lui aussi d'un certain charisme. Vrais personnages, vrai décor - le film a été tourné en Ouganda malgré les difficultés logistiques que cela représentait - vraie Histoire, Le dernier roi d'Ecosse se paye en plus le luxe d'un petit bonus en jonglant avec les codes du thriller. Traque, piège, peur du tortionnaire... La tension fictive ajoute son ombre au tableau de l'effrayante réalité. Identification forte et effet garantis.Le dernier roi d'Ecosse
Réalisé par Kevin Mac Donald
Avec Forest Whitaker, Gillian Anderson, James McAvoy.
Royaume Uni, 2005 - 2h05[Illustrations : © Twentieth Century Fox France]
Sur Flu :
- Vos impressions : forum Le dernier roi d'Ecosse
- Lire la chronique du film Un jour en septembre (Mac Donald 2000)
- Voir les fils sorties de la semaine sur le blog cinémaLe JDDpar Barbara ThéateKevin Macdonald revisite le règne de terreur d'Idi Amin Dada sur le mode du docu-fiction et signe un film coup de poing, aux accents de thriller aussi passionnant que terrifiant. Forest Whitaker incarne un dictateur plus fou que nature, à la fois charismatique et impitoyable. Une performance saluée par une nomination à l'oscar du meilleur acteur.
Ellepar Helena VillovitchIl y a de l'Histoire et de la fiction dans ce récit passionnant. Outre l'excellentissime Forest Whitaker incarnant le dictateur africain comme s'il avait fait ça toute sa vie (entre un film d'Abel Ferrara et un de Jim Jarmusch!), on gardera un oeil sur le très mignon James McAvoy, parfait dans ce rôle de dandy candide.
Le Mondepar Jean-Luc DouinEn adaptant, assez librement, "Le Dernier Roi d'Ecosse" (…) le cinéaste britannique et son scénariste Peter Morgan contournent assez malicieusement les dangers de complaisance ou d'amalgame.
Pariscopepar Virginie GaucherUne liaison fatale, une histoire d’amour déçue qui confronte celui qui commet les crimes et celui qui les ignore. Dans cette descente aux enfers, Forrest Whitaker est un ogre époustouflant, et terrifiant parce que souvent émouvant.
Téléramapar Frédéric StraussLe dernier roi d’Ecosse prend donc une place de choix dans la tradition du cinéma anglo-saxon, qui raconte les chaos du monde, le télescopage des destins individuels et des dates de l’Histoire. Mais, porté par une conviction sans borne des acteurs (…), le film fait plus qu’illustrer brillamment un genre. La tension qu’il distille devient un vrai pouvoir de fascination.