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Les critiques de Première

  1. Première

    Il y a quelque chose de chaleureux dans ce van de fortune qui sillonne les steppes et déserts de la Russie profonde, pourtant si froids. À bord, un père et sa fille (Maria Lukyanova, magnétique), projectionnistes itinérants des provinces reculées, qui n’ont trouvé que le silence pour transporter avec eux le poids de leurs solitudes endeuillées, ponctuées par des rencontres fortuites. Du soleil d’hiver caucasien aux rivages arctiques des Barents, le road-movie désenchanté d’Ilia Povolotsky (découvert à la Quinzaine des Cinéastes) devient récit d’apprentissage avant de basculer en drame psychologique, avec une photographie organique et des tableaux panoramiques contemplatifs qui traduisent la lassitude et le spleen de ces deux marginaux au risque parfois qu’on trouve le temps long. Mais c’est précisément sur la longueur que le film prend tout son sens et vous happe pour ne plus vous lâcher.

    Lou Hupel