- Fluctuat
La Fille d'un soldat ne pleure jamais nous passionnait sur le papier. Racontant les chassés-croisés affectifs d'une riche famille américaine libertaire dans le Paris des 60's, et sachant que le père du clan n'est autre que l'auteur du roman duquel Malick a tiré sa Ligne rouge, l'on pouvait s'attendre à un beau portrait de groupe avec dames.
L'entreprise sombre dès le départ vers une reconstitution informe, hybride et passéiste de ladite époque. Voir Jane Birkin – stupéfiante dans Oh pardon tu dormais -, en mère forcément délurée, emmener fils et petite amie voir un opéra gore kitsch avec diva seringuée à l'héro et figurants en latex et cravaches rouge sang, voilà qui ne nous apprend rien de très nouveau sur l'époque et confère presque au ridicule .
Le seul charme du film émane de la lumineuse Leelee Sobieski, à travers le prisme de laquelle cette histoire de père malade, de frère adopté et de meilleur ami fantasque trouve parfois un sens, lorsque Ivory daigne s'attarder un peu sur ces fils ténus qui tissent cet univers d'hommes qui l'entourent. Mais le refus systématique de toute émotion ainsi que l'impression de constante distance entre le sujet (l'expatriation et le quasi- impossible retour à la terre natale, les Etats-Unis) et son traitement. James Ivory n'en finit pas de s'embourgeoiser dans son cinéma, c'est dommage.La Fille d'un soldat ne pleure jamais
De James Ivory
Etats-Unis/Royaume Uni/France, 2h07, 1999.
- Lire la chronique de La coupe d'or (James Ivory, 2000).