Toutes les critiques de La Maison de cire

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Avec le post cinéma d'horreur, à part Jeepers Creepers, cela faisait longtemps que les psychopathes et le grand guignol suscitaient davantage de sourires gênés et las que d'étonnement ou d'excitation. Pourtant des ténèbres de nos fantasmes les plus sombres surgit aujourd'hui un nouveau diamant, La Maison de cire. Une vision sans compromis d'une perversité inouïe.
    Mario Bava a enfin un successeur digne de ses fantasmes morbides et baroques. En tournant un remake d'Andre de Toth (House of Wax, 1953), Jaume Collet-Serra (venu de la publicité et casté par Joel Silver) retrouve la poésie malade et déviante propres aux images hallucinées du génie italien, l'érotisme en moins. Film complètement injustifié sur le plan narratif, invraisemblable, expliquant ses enjeux dramatiques ou psychologiques avec désinvolture, La Maison de cire n'est que mécanisme de mise en situations macabres et perverses. Une compilation sauvage sous forme de remix personnel empruntant à toutes les arcanes des sous-genres, pour ne filmer que des mises sous tension propices au surgissement de l'horreur et du malaise. Soit la dérive et le massacre de jeunes campeurs en partance pour un match de foot qu'ils ne verront jamais, jetés aux supplices de deux frères maniaques vivant dans un village qu'ils ont transformé en musée de cire, y compris ses habitants.Avec un scénario en bloc notes, Collet-Serra réinvente ici successivement des visions de cauchemars, un défilé forain de métaphores fantasmagoriques issues d'un monde fait d'illusions malsaines où les personnages sont transformés en mannequins. Un monde où les corps plongent dans une fosse à bestiaux, sont découpés, charcutés, empaillés, torturés, où l'humain disparaît sous des montagnes de cire. Répondant aux plastiques parfaites de Paris Hilton et Elisa Cuthbert, La Maison de cire travaille une esthétique impulsive et destructrice du silicone. Il s'acharne à salir et transformer les corps-objets de nos belles poupées de magazine, à en proposer le démembrement, à les plastifier, les punir, montrer le pourrissement derrière leurs chairs statufiées. Le film incarne en cela une sorte de revanche violente contre ces idoles en latex, une défiguration où la frustration engendre un théâtre pathologique en réponse à ces corps irréprochables.Véritable festival des horreurs pour teenagers suspicieux du plouc psychopathe (tendance Tobbe Hopper), La maison de cire relève presque d'un objet théorique. Toute son esthétique et son sens de l'abstraction visent le pourrissement, l'embaumement et leur annihilation. On voisinerait presque parfois une version moderne de Fulci. Une vision traumatique et nihiliste du monde où l'humain est sacrifié sur l'autel de ses désirs sadiques. Plus encore, il propose une représentation du cinéma lui-même en faisant défiler sa jouissance nécrophile. En plaçant lors d'une scène ses héros dans une salle de cinéma où les spectateurs sont momifiés, en jouant des références pour mieux les défaire, Collet-Serra film la mort du cinéma tout en créant sa renaissance. Aldrich (le film projeté dans la salle) ou De Toth sont loin, ils font partie de ce musée mortifère que viennent traverser les vivants. A l'image du final sidérant où les vivants s'extraient d'un décor de cire en flamme, Collet Serra montre un monde de pur cinéma ancien et figé détruit par le moderne (effets, personnages, film lui-même). Un monde de souvenirs dont on assiste à la destruction tout en affirmant sa fascination. La Maison de cire étant un cinéma de l'extrême et du renouvellement où les images du passé fondent dans le présent.La Maison de cire (House of Wax)
    Un film de Jaume Collet-Serra
    Etats-Unis, 2005
    Durée : 1h53
    Avec : Elisa Cuthbert, Chad Michael Murray, Paris Hilton…
    Sortie en salles France : 25 mai 2005[Illustrations : La Maison de cire. Photos © Warner Bros]
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