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Quelle pertinence peut bien avoir aujourd’hui un texte du XVIIe siècle parmi les plus étudiés à l’école ? Christophe Honoré s’emploie à démontrer qu’il y en a bien une en s’inspirant de La Princesse de Clèves, roman de Madame de La Fayette qu’il déplace de la cour du roi Henri II à celle d’un lycée de l’Ouest parisien aujourd’hui. Junie (Léa Seydoux) y arrive presque par hasard. Très vite, elle focalise l’attention d’un certain Otto, qui tombe fou amoureux d’elle, puis celle de son prof d’italien. Sans reprendre une ligne du texte original mais en en gardant l’esprit et l’intrigue, Christophe Honoré clôt ainsi ce qu’il appelle sa « Trilogie de l’hiver », portrait de la jeunesse actuelle, de l’amour et de Paris. Filmé avec la même énergie que Dans Paris ou Les Chansons d’amour mais sans la même urgence, ce dernier volet tombe vite dans une préciosité affectée qu’il aurait mieux valu éviter.
Toutes les critiques de La belle personne
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La belle personne a les qualités qu'on attendait de l'auteur des Chansons d'amour et Dans Paris: une simplicité, des acteurs justes et naturels, une fluide élégance qui ne craint pas la crudité, ni les pointes d'emphase poétiques (...). Le film, entièrement tourné dans un lycée parisien, diffuse une lumière grise presque sale, à la fois ordinaire et romantique en diable. Au final, il restitue le meilleur d'une Princesse de Clèves, increvable, universelle (...).
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Ce film, c'est un peu l'envers de la palme d'or, parce que cette classe de lycée bourgeois ne ressemble en rien à celle d' Entre les murs, de Laurent Cantet, ni dans l'image, ni dans le discours. Et pourtant, l'unité de lieu est la même, on quitte très peu l'enceinte du lycée, les tables en bois sont aussi marquées à la pointe d'un compas, l'ennui et l'émoi y flottent, et c'est l'estrade qui sert encore de scènes au drame qui se joue sous nos yeux. Honoré a une façon de filmer ces jeunes qui lui appartient vraiment, il les filme pour ce qu'ils sont, graves et gracieux. Et il fait de ce film une récréation délicieuse.
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Joliment filmé mais totalement artificiel et pédant, ce marivaudage moderne met en scène une certaine jeunesse dorée du 16e arrondissement. Leurs affres nous indiffèrent, car tout sonne faux. Et particulièrement Louis Garrel, plus crédible en élève qu'en prof. Et si Honoré manie souvent la distanciation avec élégance, ici, elle est trop branchée et pas assez brechtienne...