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Sans doute Assayas avait-il peu conscience, quand il a accepté cette commande passée par le musée d'Orsay pour fêter ses 20 ans, qu'un tel sujet le rattraperait. Or, ce thème le touche, c'est évident, et c'est ce qui est troublant. Ce n'est pas à travers ses personnages qu' Assayas est le plus touchant. Non, son talent est plus éclatant dès qu'il filme la fameuse maison, mais encore plus quand il s'attarde sur quelques fractions de vie, de ressenti (...).
Toutes les critiques de L'heure d'été
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Téléramapar Aurélien Ferenczi
Le propos s'élargit, et débouche naturellement sur une élégie très poignante : c'est la finitude de l'homme que signale l'éternité des oeuvres et des objets. Beau plan d'Edith Scob, que ses enfants ont quittée, et qui se fond dans le décor de sa maison-musée, déjà comme un fantôme ; douloureuse étreinte de Charles Berling et de Dominique Reymond, face à un vase exposé à Orsay : cet objet enferme quelque chose de leur histoire, qui leur échappe désormais, et il leur survivra. Le musée est bien le lieu de passage « marchandisé » des troupeaux de touristes qui attrapent des bribes de culture, mais c'est aussi le temple qui inspire la terreur de la mort.
- Ellepar Françoise Delbecq
On aurait pu penser que l'argent était le moteur de ce drame bourgeois, mais toute la sensibilité d'Assayas - sa manière de s'attacher à des détails - fait souffler sur ce magnifique opus une nostalgie d'une poésie rare à l'écran.
- Paris Matchpar Christine Haas
[Edith Scob] est mère de trois enfants, veillant sur la transmission de l'héritage culturel familial dans ce nouveau film d'Assayas qui revient à un cinéma plus intimiste à travers le thème du changement de génération. L'heure d'été porte ses résonances universelles avec tendresse et gravité.
- Fluctuat
Avec L'Heure d'été, Olivier Assayas tente de mélanger l'intimité d'une chronique familiale à un petit traité théorique sur l'économie et l'art. Malheureusement son propos est un peu trop décrédibilisé par une vision du monde bourgeoise et dichotomique.- Exprimez-vous sur le forum cinéma - Lire le contrepoint sur le blog cinéma - Voir notre entretien avec Olivier AssayasLe problème d'Olivier Assayas, c'est qu'il arrive rarement à aller au-delà de ses intentions. Plus intelligent que ses films, il ne sait pas les laisser vivre sans livrer clés en main leur propre lecture et leur théorie. Ainsi de L'heure d'été qui en apparence se voudrait subtil mais qui finalement est appesanti et compromis moins par son discours que par la manière dont il s'exprime et là où il est dit. A travers l'histoire des membres d'une famille face à la dilapidation de son patrimoine, il y a d'un côté une oeuvre qui tente d'interroger la question de la filiation, de l'autre un film sur la migration de l'art qui passe du quotidien à des marchés institutionnalisés. Assayas cherchant à la fois à faire une chronique du temps qui passe avec ses générations, et à montrer comment les biens d'une certaine classe sociale sont soit pervertis par leur marchandisation, soit promis à une muséification qui modifie leur histoire (ce qui est lié).Il faut reconnaître que le projet est intéressant. En mettant en parallèle comment une famille se confronte à ses racines quand chacun vit à l'heure de la mondialisation, et pourquoi cette logique économique bouleverse nos rapports en nous poussant à défaire notre passé, Assayas crée une belle tentative généalogique mélangeant l'intime, l'art et le monde à travers l'idée du réseau qui modifie l'authenticité des choses. Problème, s'il veut donner une universalité à son sujet en l'inscrivant dans notre réalité, il est incapable de le situer ailleurs que dans les tourments existentiels d'une néo bourgeoisie citadine : les dialogues sont empruntés à un magma médiatique ambiant tandis que les personnages décalqués des pages du Monde sont tous (ou presque) des caricatures. Assayas ne peut ainsi se départir des clichés et d'un rapport de classe grossier que la mise en scène surligne en permanence (le "edgar degas" rec="0" dans un sac Leclerc, la gouvernante qui choisit un vase parce que, dit-elle, il n'a pas de valeur alors qu'il est signé d'un artiste). Difficile alors de trouver sa place devant un film qui ne peut s'empêcher de tout signifier et nous rappeler pour qui il parle. Assayas a voulu faire un portrait de son époque teinté d'émotion, c'est malheureusement plutôt raté. L'Heure d'été De Olivier Assayas Avec Juliette Binoche, Charles Berling, Jérémie Rénier Sortie en salles le 5 mars 2007Illus. © MK2 Diffusion- Exprimez-vous sur le forum cinéma - Voir l'entretien avec Olivier Assayas - Lire le contrepoint sur le blog cinéma - Lire le fil réalisateur sur le blog cinéma - Olivier Assayas sur Flu : lire les critique de Boarding Gate , Clean, Les Destinées sentimentales, Fin août, début septembre