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S’exiler sur une île grecque coupée du monde, chercher à devenir invisible autant aux yeux des autres que de soi-même, voilà le quotidien de Jacqueline (Cynthia Erivo, d’une fragilité ahurissante). Une certaine douceur émane de l’errance de cette femme, ni vraiment touriste, ni vraiment locale, dont les souvenirs qui ressurgissent par fragments tentent d’éclairer progressivement la raison de sa désolation. Et comme dans Un Hiver à Yanji, le précédent film d’Anthony Chen, c’est la figure du guide touristique (ici Alia Shawkat) qui devient ange gardien et aide notre protagoniste à briser sa carapace. Mais à peine dévoilé, son passé trop intime pour être partagé nous glisse entre les doigts, tel un mirage. En résulte un film contemplatif trop distant de son sujet, qui traîne un peu de la patte et manque de fluidité lorsqu’il décide d’enfin révéler le traumatisme. Frustrant.