Toutes les critiques de Jean-Philippe

Les critiques de la Presse

  1. par Stéphanie Lamôme

Là où Podium, le petit cousin assumé de Jean-Philippe basculait sans prévenir dans l'émotion, le film de Tuel reste au bord (...) Johnny finissant toujours le par prendre le pas sur Jean-Philippe, le film ne peut exister sans lui ni, à proprement parler, avec lui. Une contradiction touchante qui donne sa singulière valeur au film.

  • Et si Jean-Philippe Smet n'était jamais devenu Johnny Hallyday ? C'est l'idée de départ d'un scénariste inconnu qui est parvenu à faire d'un projet improbable un film à gros budget, dont l'affiche est partagée par notre rock star nationale et un Fabrice Luchini toujours exubérant.
    Fabrice est un cadre moyen, moyennement heureux, dont la morne vie, entourée de sa femme et de sa fille punk, n'est éclairée que par sa grande passion, sa dévotion, sa religion : Johnny Hallyday. Comme des milliers de Français, c'est un fan, un vrai. Chaque soir, chaque matin, il vient adorer son idole dans une pièce transformée en autel à la gloire du rockeur. Mais un beau jour il se réveille dans un monde parallèle, qui semble le même et qui pourtant est dénaturé : plus personne ne connaît Johnny Hallyday.
    La 4e dimension à la française, ce serait donc un monde où Johnny n'a jamais existé et où la star que l'on connaît n'est qu'un anonyme patron de bowling en banlieue parisienne. En somme, le cauchemar !L'idée est d'une belle simplicité. Johnny est donc Jean-Philippe Smet, un Jean-Philippe dépouillé du Hallyday. Après tout, Jean-Philippe, c'est lui, mais pas tout à fait. Une bonne couche de Johnny vieille de plus de 40 ans, on ne s'en débarrasse pas comme ça. Et le film joue sur ce principe, qui permet à Johnny le chanteur d'être crédible en Hallyday, l'acteur. Luchini, en fan obsessionnel qui ne vit que pour adorer son idole, est fidèle à lui-même : bavard, halluciné, incontrôlable. Même ceux qui en font une overdose salueront sans doute sa performance, puisqu'il offre au film ses scènes les plus jouissives (ses quelques réinterprétations du répertoire du chanteur sont irrésistibles).Le scénario part donc de ce présupposé, que l'on accepte étonnamment bien : la vie en France ne serait pas la même sans Johnny Hallyday. C'est un fait, l'« idole des jeunes » fait partie plus qu'aucun autre artiste de l'imaginaire collectif, que l'on soit fan ou pas. Malheureusement, l'idée - ce qui aurait concrètement changé dans ce monde privé de Johnny - n'est pas développée ni illustrée, à un changement de nom près (la fille de Luchini qui, dans cet autre univers, ne s'appelle plus Laura mais Marion). Spéculer sur les petites choses qui n'auraient plus été pareilles dans ce monde virtuel aurait pourtant fait tout l'intérêt du film. On pense notamment à Retour vers le futur, qui s'amuse des bouleversements du présent entraînés par les incursions dans le passé. D'autant que le principe de départ plaçait le film dans un genre fantastique qui permettait de ne pas s'embarrasser du souci de vraisemblance. Loin d'une quelconque mise en scène de l'absurde - la mise en scène est d'ailleurs inexistante -, le spectateur doit se contenter d'un Jackie Berroyer en prof de physique expliquant en trois phrases qu'il existe effectivement une théorie des mondes parallèles. Le « pitch » permettait pourtant tous les excès, sur le principe du délire absolu de Dans la peau de John Malkovich, qui n'est rien d'autre qu'une partition totalement démente exécutée avec virtuosité.La bonne idée est donc gâchée par des solutions de facilité et par l'absence de propos : aucune analyse du « phénomène » Johnny, rien sur ce qui pousse quelqu'un a devenir fan, pour ne pas dire fanatique... Ne serait-ce donc qu'une super promo pour Hallyday ? Il n'en a pas franchement besoin. Non, c'est juste un bon divertissement du dimanche soir, qui devra son éventuel succès à l'effet de curiosité. Jean-Philippe
    Un film de Laurent Tuel
    Avec : Fabrice Luchini, Johnny Hallyday, Guilaine Londez, Élodie Bollée, Olivier Guéritée, Jackie Berroyer, Caroline Cellier, Barbara Schulz, Jean-Claude Camus, Antoine Duléry
    Sortie en salles : 5 avril 2006