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Le titre ne ment pas. L’héroïne du deuxième film de la brésilienne Caru Alves de Souza (le premier, De menor, est inédit en France) a bien pour prénom Bagdad. Elle a 17 ans et partage son temps entre sa famille de sang (sa mère et ses sœurs) ou de cœur (les amis de sa mère, figures de la communauté LGBT fortes en gueule et en cœur) et la bande de skaters dont elle est la seule fille. Avec ses cheveux courts, ce garçon manqué dénote et détonne dans cette société brésilienne à dominante virile et oppressante (comme en témoigne le contrôle musclé d’un policier qui prend plaisir à humilier cette fille si peu féminine à ses yeux en la fouillant justement sans ménagement comme un garçon) pour celles et ceux qui refusent de se soumettre à ces codes ancestraux. Je m’appelle Bagdad traite donc de la question du genre mais sans se faire professoral. Il y a de la fantaisie à revendre dans ce récit initiatique entrecoupé de scènes dansées volontairement baroques pour laisser rêves, fantasmes et contes égayer la rude réalité. Caru Alves de Souza n’élude ici rien de ce qui constitue le fondement de la culture patriarcale dominante (blagues sexistes, remarques homophobes, drague lourde qui bascule dans la violence…) mais elle retourne chaque situation pour célébrer un girl power où l’union fait la force. Je m’appelle Bagdad se vit comme un exutoire, porté par l’énergie et le charisme de la débutante Grace Orsato qui fait oublier ces quelques dialogues trop scolaires et redondants avec ce que la cinéaste montre par ses images. Un cri d’espoir joyeux dans le Brésil de Bolsonaro.