Toutes les critiques de Ils reviennent

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Sous influence bien digérée de Guillermo del Toro, un conte social fantastique aussi poétique que sombre sur le Mexique gangrené par les cartels.

    Premier des quatre longs métrages mis en scène par la Mexicaine Issa López à débarquer dans les salles françaises, Ils reviennent... constitue un cas d’école pas si fréquent. Un film aux références parfaitement revendiquées (du del Toro du Labyrinthe de Pan au Bayona de L’Orphelinat, pour résumer à grands traits) qui, non content de les digérer, les transcende pour donner lieu à une oeuvre très personnelle. Son héroïne est une jeune ado mexicaine confrontée à la disparition brutale de sa mère dans un pays ultraviolent où la mort peut surgir à chaque coin de rue et qui trouve refuge auprès d’une bande de quatre garçons eux aussi orphelins, activement recherchés par le cartel local. Sur le fond comme sur la forme, Ils reviennent... évolue subtilement entre réalisme et fantastique. Caméra à l’épaule, Issa López montre le quotidien sombre et violent du Mexique dans un mode quasi documentaire, traversé en permanence de moments de pure évasion, dans l’angoisse horrifique comme dans la poésie urbaine : ce flot de sang qui court sur les planchers et les murs pour suivre les gens, sous la menace constante d’une fin tragique inéluctable, ces graffitis qui soudain prennent vie dans les rues... À travers cette alliance des contraires, Ils reviennent... raconte subtilement la perte de repères d’une gamine qui cherche dans l’imaginaire un moyen de calmer les angoisses du réel. Et réussit jusqu’au bout à garder intact cet équilibre pourtant fragile et complexe entre drame social, merveilleux et horreur. Un tour de force.