Toutes les critiques de Entre nos mains

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    Devant l’objectif de Mariana Otero, qui fait du cinéma avec des riens (une conversation ping-pong, un entrepôt vide, une chanson fédératrice...), se dessinent des personnalités tranchées et attachantes. Ce sont surtout des femmes qui, pour certaines, travaillent là depuis plus de vingt ans. Ni héroïnes ni pasionarias, elles sont timides ou délurées, sûres de ce qu’elles veulent ou en proie au doute. Des entrepôts aux salles de couture, des bureaux à la cantine, on suit l’évolution de leurs pensées, de leurs désirs... Ainsi, ce qui aurait pu n’être qu’une simple plongée documentaire devient, au-delà de la fable humaine, un polar social qui prend à la gorge.

Les critiques de la Presse

  1. Les Inrocks
    par Serge Kaganski

    Entre nos mains n’a rien de manichéen. Le film montre bien, en se gardant de tout jugement, que l’émancipation, ce n’est pas si simple, et que cela dépend aussi d’une prise de conscience et de confiance.
    Pour certaines ouvrières, leur statut, aussi modeste soit-il, est aussi un cocon, une protection, une sécurité. La Scop, c’est peut-être un début de réappropriation mais tout aussi sûrement du risque.
    Au portrait d’un petit groupe d’ouvrières se superpose une dramaturgie à suspense, l’âpreté des enjeux se déploie au milieu des mannequins et des linéaires de lingerie, malicieux contrepoint humoristique et féminin…
    Et on ne racontera pas la fin du film, juste sublime. Entre nos mains, quelle enseigne appropriée pour ce si beau film dont l’engagement politique n’oblitère jamais l’engagement cinématographique.
    Des “petites mains” de la confection à l’appropriation de son destin, sans omettre la légère connotation érotique (ces mains-là fabriquent des produits destinés à rehausser la féminité), du sens littéral au sens métaphorique, ce titre dit tout.
    Sauf peut-être ceci, qu’on se permettra d’ajouter : entre les mains de Mariana Otero, le cinéma se porte superbement, fruit mûr d’un rapport sensible au monde et de sa mise en forme.

  2. Positif
    par Yann Tobin

    Dans un élan où l'émotion et l'humour ont droit de cité, en témoignant de sa complicité avec les protagonistes, elle nous livre un revigorant film choral.

  3. Chronic'art
    par Nicolas Truffinet

    On pourrait s'interroger sur cette tendance « ni pour ni contre, bien au contraire » censée caractériser ce pan du cinéma français, de même qu'Entre les murs, par exemple, s'était vu reprocher d'en rester à l'observation et de n'avancer aucune solution. Otero non plus n'admet guère les réponses univoques : la convivialité du travail ouvrier y est soulignée autant que sa dureté ; si le patron apparaît une figure essentiellement négative, on n'observe pas de tensions, ou signes de conflit, entre les cadres et le reste des salariés. Pour notre part, on se féliciterait plutôt de cette mesure et de ces signes d'hésitation : là où nos intellectuels de plateau télé se hâtent d'en arriver aux conclusions, souvent aux invectives, ces films prennent les choses par le bon bout et se contentent, dans un premier temps, d'un simple enregistrement. Ni simplistes, ni désengagés : et dans le paysage actuel du documentaire français, cette sagesse se présente avant tout comme une source de vitalité.

  4. StudioCiné Live
    par Sophie Benamon

    On assiste à une émouvante libération de la parole quand les couturières sont invitées à donner leur avis pour la première fois. Le film bascule alors dans une dimension à la fois très concrète et parfaitement utopique, avec un final chanté étonnant.

  5. Le Monde
    par Isabelle Regnier

    Sans jamais jouer la familiarité avec ses personnages (jusqu'au bout, elle les vouvoie), Mariana Otero capte, petite phrase par petite phrase, la prise de conscience progressive d'une solidarité de destin, de classe, qui se transforme en une force de combat contre un patron, au moment où celui-ci cherche à reprendre la main. Au milieu des corsets, des dentelles, des rubans de soie, qui charrient, l'air de rien, entre les murs ternes de l'entreprise, une réserve de fictions inépuisable, ces femmes, d'abord réservées, affirment leurs personnalités, révélant des caractères forts, drôles, attachants.

  6. Télérama
    par Pierre Murat

    C'est cette utopie que filme Mariana Otero, sans le lyrisme du Duvivier de La Belle Equipe : le Front populaire est loin, désormais. Mais avec une sorte de ferveur simple, de délicatesse complice. Tout au long des semaines qui précèdent le « grand jour » - celui où l'on saura si la Scop est viable -, elle observe le fatalisme qui se mue, peu à peu, en cohésion. Cette petite entreprise qui, comme tant d'autres, fonctionnait par « clans » s'unifie, songe à innover (des couleurs plus vives pour leurs soutiens-gorge et leurs strings, des modèles plus audacieux pour reconquérir le marché), au point même de s'opposer à une contre-proposition du patron, qui leur offre de rester un « associé extérieur » ! Et puis, hasard ou coïncidence, un gros acheteur leur retire sa clientèle. Et les banques, toujours promptes à n'aider personne, se retirent du jeu. Au revoir, Scop ! Bye-bye, utopie !...

    Soudain, au lieu de pleurer ou de gronder, les cinquante futurs chômeurs de cette entreprise définitivement foutue se mettent... à chanter. Comme dans un film de Jacques Demy. «Alors, adieu lingerie / D'hier et d'aujourd'hui / Ribambelles de satin / Jolis rubans de dentelle / Soutiens-gorge et culottes / C'en est fini de la Scop... » Révolte douce qui finit sur un espoir : d'autres, un jour, réussiront là où certains ont échoué... Moment mélancolique et magnifique.

  7. L'Express
    par Eric Libiot

    Un docu touchant auquel il manque un peu de cinéma pour convaincre et qui reste dans les chemins de reportages déjà vus.

  8. A voir à lire
    par Sébastien Mauge

    Un documentaire attachant sur une idée qui fait son chemin : la gestion d’une entreprise par ses propres salariés.

  9. Nouvel Obs
    par Marjolaine Jarry

    Nadine, Sylvie et les autres ont passé une bonne partie de leur existence courbées sur l’établi, au-dessus de leur machine à coudre. Sollicitées pour prendre part au projet de Scop (société coopérative et participative), elles se mettent à penser le travail autrement. Et nous avec. A travers l’écran, on débat, on réinvente notre rapport au collectif, on se réinvente. Sans escamoter la dureté implacable du réel, la réalisatrice porte haut la voix de ces héroïnes et leur combat, aussi quotidien que politique. Leur histoire n’est pas un triste constat de crise mais une épopée dont l’écho résonne longtemps.