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Personne n'est normal dans Eldorado, mais tous sont liés par une superbe mélancolie ordinaire. Celle-ci réunit beaucoup de monde dans le coffre de ce road-movie à part: en tête, Bouli Lanners et Fabrice Adde, prodigieux comédiens; en queue, les ombres de Kaurismäki, Wenders et Alain Cavalier, avec qui Lanners partage un sens dépouillé de l'errance ou du burlesque. Mais on aurait tort de limiter un film à sa belle singularité faussement décalée, puisqu'il refuse de se résigner, pour se recentrer sur ce qui fait son moteur: une bouleversante humanité.
Toutes les critiques de Eldorado
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Embarquant ses personnages -pas très « état concours », voire même hors concours- dans une belle Américaine, le comédien et réalisateur belge Bouli Lanners les jette sur les routes, tels deux cowboys bien fatigués d’un western existentiel et crépusculaire. Deux poor lonesome héros dont l’un au moins refuse de désespérer. La musique accompagne magnifiquement cette balade à l’américaine drôle et désenchantée, parsemée de beaux moments d’émotion et de quelques scènes surréalistes et burlesques, très drôles, dont l’arrivée surprenante d’un Alain Delon ou de l’inquiétant Philippe Nahon. Les chants désespérés sont les chants les plus beaux : avec un regard tendre et neuf sur les paysages wallons, et sur une humanité promise à crever seule comme un chien, Bouli Lanners signe un film magnifique. L’Eldorado n’est pas au plat pays, ni même de ce monde, d’ailleurs.
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Certes, les grosses ficelles sont là, mais Bouli Lanners sait aussi instiller par touches délicates une jolie dose de poésie. Il faut voir le regard terrorisé de la mère quand elle entend son fils et son mari se disputer, le visage rempli de grâce d'Yvan lorsqu'il fait part de son sentiment de culpabilité... Et puis ces paysages belges filmés comme des étendues de Far West. Eldorado, c'est un petit paradis!
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Une fois de plus, le cinéma belge affirme son exception culturelle, ainsi que l'originalité dévastatrice de ses cinéastes et la personnalité de ses acteurs. Un point de départ idéal pour un road-movie étonnant et insolite dont chaque étape scénaristique ménage une surprise au spectateur. Jean-Paul de Zaetidj, le directeur de la photo, a fait un travail remarquable pour illustrer cette histoire simple et terrible. Et si les deux héros de ce drame comique trimballent leur carcasse dans une caisse américaine, le scénario, lui, n'emprunte par les highways hollywoodiens mais les chemins de traverse.