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Il va sans dire que François Ozon possède un indéniable talent de conteur que cette dernière livraison ne saurait contrarier. Dans la maison relève avec aisance un défi périlleux : le cinéaste y jongle en effet avec les fantasmes du lecteur (Luchini) et ceux du rédacteur-manipulateur (Ernst Umhauer, qui possède l’élégance et la perversité requises) et prend d’entrée de jeu, le spectateur par le col. Ce qui finit pourtant par gripper un peu la machine, c’est la superficialité chronique du réalisateur, régulièrement mangé de l’intérieur par ses travers de petit malin sûr de ses effets et conscient de leurs limites. Car le film se cloisonne vite en un exercice d’autoparodie savoureuse (mais pour le coup assez prévisible), dans lequel les figures du maître (bon critique mais piètre écrivain) et de l’élève (petit génie immature) constituent l’alpha et l’oméga d’un cinéma en déficit chronique de substance
Toutes les critiques de Dans la maison
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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L'osmose entre l'ancien François et le nouvel Ozon aboutit à ce film, son meilleur, petit-chef d'oeuvre troublant, subtil.
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par Mehdi Omaïs
La structure narrative, brouillant habilement réalité et fiction, distille une belle dose de suspense. Une réussite.
François Ozons à réussi un très beau film aux dialogues brillants, où il impose peu à peu un suspense qui nous saisit.
Ozon réussit l'exploit de démonter le jouet de la fiction sans en briser le moteur - l'émotion.
Le meilleur du cinéma d’Ozon convoqué dans ce thriller littéraire à l’atmosphère délicieusement trouble.
Dans le rôle du garçon intrusif, Ernst Umhauer provoque un malaise certain qui n’est jamais dissipé. Et l’on se retrouve pris au piège, comme Fabrice Luchini l’est face à son brillant élève, par le talent du conteur Ozon, lequel, hélas, promet plus qu’il ne donne. Mais quelle interprétation !
Hitchcock, De Palma, Pasollini, François Ozon puise chez les plus grands dans un thriller voyeuriste et malsain particulièrement perturbant. Un de ses meilleurs films.
Ici, tous les ingrédients d'un Ozon sont réunis : sadisme de la part de l'élève surdoué qui n'hésite pas à malmener l'équilibre mental de son prof; jeu de séduction et ambigüité sexuelles; tentative de destruction de la famille par l'apprenti écrivain (...)
Un thriller diaboliquement cérébral et réjouissant...
Une comédie inquiétante avec ses clins d’œil au sitcom américanisé et au fait divers chabrolien, finement échafaudée sur la magie d’une langue toute simple mais charmeuse, amenant de vraies questions.
Avec "Dans la maison", François Ozon met en scène une manipulation. Dérangeant et vertigineux.
On est pris dans un suspense voyeuriste à la Hitchock et séduit par des dialogues pétillants à la Woody Allen.
Fort d'une histoire anxiogène, Ozon réussit à créer un nouveau genre, le film "littérorisant".
[Un film] enthousiasmant, malgré un fin un peu bâclée.
Du voyeurisme, de la manipulation, de l’ambiguïté : nous sommes bien sur le terrain de jeu favori de François Ozon. Offrant à Luchini un rôle sur mesure, le réalisateur signe le croquis croustillant d’une famille moyenne et un exercice narratif brillant.
Le cinéaste impose avec subtilité une ambiance au bord du polar, portée par la très belle musique de Philippe Rombi. Même si on peut regretter que la fin soit un peu bâclée. Ozon a conscience de sa fragilité puisqu'il l'expose au spectateur, mais la solution qu'il trouve n'est qu'à moitié concluante. On retiendra néanmoins du film des interprétations parfaites, à commencer par celle de Fabrice Luchini, péremptoire juste ce qu'il faut en professeur de français presque blasé, dont la fibre pédagogique est réveillée par cet élève pas comme les autres. Kristin Scott-Thomas interprète son épouse et tient finement la corde raide de la femme indépendante en manque de reconnaissance et d'affection. Et puis, il y a la révélation, Ernst Umhauer, jeune comédien dont la grâce habite le film.
Un duel fascinant et une révélation : l'étonnant Ernst Umhauer.
Que ceux qui avaient gardé un souvenir mitigé de Swimming Pool et d'Angel se rassurent : Dans la maison n'en a pas les rouages théoriques [...] Fabrice Luchini, dont on sait depuis longtemps combien il peut être sobre à l'écran, n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour incarner le prof désabusé par la nullité des copies à corriger.
Un pastiche de thriller drôle et enlevé.
Dans son régime de transparence, le film ne manque pas de dévoiler jusqu’à ses inspirations : ici le nom de Pasolini en écho au jeu de massacre de Théorème ; là, une affiche de Match Point, dont l’intrigue criminelle s’adonnait, elle aussi, à son propre dépiautage critique. Mais, s’il pourrait leur dispenser des leçons de cynisme, de ces référents Dans la maison n’a ni la rage ni la vigueur étrange. Ce n’est somme toute qu’un film très «normal».
Ozon, qui cherchait un ange voyeur et machiavélique pour donner la réplique à Fabrice Luchini, a déniché l'oiseau rare sur photo. Ernst (Umhauer, ndlr) joue un élève qui puise les sujets de ses rédactions dans l'intimité familiale de son copain d'école, avec toutes les conséquences que cela finit par provoquer.
Le film ne va nulle part. Ozon allait sur le territoire d'Henry James (manipulation + ambiguïté), il était devant la maison – il aurait dû entrer.
"Dans la maison" reste malheureusement un film d'intentions qui dévoile ses véritables enjeux en un beau dernier plan prometteur.
(...) à force de décrochement et de basculements d'un niveau à l'autre, ce "Dans la maison" trop bien réglé vire au jeu gratuit. Le film tourne rond, mais il tourne en rond.
Le cinéma est vraisemblablement l’art le plus encombré par tout ce qui ne relève pas de son fonctionnement propre. Ses amoureux l’aimeraient soucieux de réinventer sa propre pureté, de travailler, jusque dans ses essais les plus légers, à creuser ce qui fait sa spécificité. Et par un soir pluvieux d’octobre, on le retrouve à survendre et sous-exploiter ses procédés les plus mal usités, le suspense et la mise en abyme, à faire tout à la fois l’étalage et le vendeur à la criée. Une marchandise qui fait sa réclame, c’est pas glorieux, et c’est Dans la maison, le dernier film de François Ozon.