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En supervisant l'ensemble et en coécrivant tous les scénarios, Mungiu réussit à maintenir une cohérence d'ambiance, de ton et de couleurs qui dit l'uniformisation des masses à marche forcée, à la manière des films collectifs de la comédie italienne dont il se revendique. Mais, comme alors, l'unité n'exclut pas l'inégalité des sketches. Notre préférence va au premier, celui où des villageois blasés vont jusqu'à accrocher des fruits aux arbres, changer des vaches en moutons pour plaire à un fonctionnaire finalement happé par le mouvement perpétuel d'un manège qu'il voulait tout d'abord démonter. Absurde, on vous dit.
Toutes les critiques de Contes de l'âge d'or, partie 1
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La Roumanie sous Ceausescu n'était pas exactement une sinécure. Surtout les quinze dernières années, diront les initiés. Dans ce recueil de courts inspirés, cinq réalisateurs ont pris le parti d'en rire en faisant leurs les légendes urbaines de leur pays. (...) Une vraie bouffée d'oxygène.
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L'excès de contrôle engendre l'aberration et la monstruosité : tel est le point commun de tous les sketches. Cristian Mungiu a tenu à ce que les cinéastes impliqués dans le projet aient tous, comme lui, vécu cette époque catastrophique. Pour leur génération, « l'âge d'or » est aussi le temps de leur adolescence, et cela explique la part d'« ostalgie » (cette nostalgie paradoxale de l'ex-bloc de l'Est) qui filtre à travers l'effroi et l'amusement. Mais cette ambiguïté, tout affective, contribue à rendre le film plus fort et plus habité qu'une simple série de variations sur l'inanité d'un régime disparu. Et ce n'est pas la seule.
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Oeuvre véritablement collective, ce qui n'est pas si fréquent, frappant par son unité et l'absence de signature immédiatement identifiable, ces Contes de l'âge d'or nous accueillent en terrain connu : tracasseries d'un pouvoir arbitraire et procédurier, marché noir et débrouille, bourgades rurales arriérées... Soit un inventaire attendu des dysfonctionnements du bloc soviétique en général et du régime tyrannique et mégalo de Ceausescu en particulier, que pointait déjà Pintilie dans les années 1990, et remis sur le tapis par les grands films roumains de ces dernières années.
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Ces mises en boîte de la bureaucratie rappellent le ton des films de la Nouvelle Vague tchèque et les comédies à l'italienne d'autrefois, teintées de dérision.
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Cristian Mungiu, au moment de la sortie de 4 mois, 3 semaines et 2 jours, s’était vu reproché par des spectateurs de ne réaliser que des films « à festival », mais peu populaires. Ainsi, Les contes de l’âge d’or continue de parler des drames, mais sous un regard attendri, compatissant et profondément drôle car ancré sur des situations réelles. Les scénarios sont aussi simples que les récits des contes peuvent l’être en apparence et, comme eux, ils parlent profondément de l’homme. Derrière les gags se révèlent les excès du régime roumain dans les années 70 et 80 et la manipulation des populations par ce même gouvernement.
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Quatre histoires roumaines drôles comme des histoires juives, car ici on rit de soi-même. Ces Contes pleins d’un humour absurde rappellent à la façon d’une tragi-comédie les pires outrances d’un régime entre propagande et tyrannie. Vaut le détour.