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Une poignée de semaines après l’hallu Tintin, déferlante de cinéma virtuel épileptique carburant à la 3D et à la performance capture, débarque donc Cheval De Guerre, mélo rétro coincé au beau milieu de 14-18 qui sent bon la verdure du Devon, l’âge d’or hollywoodien, et dont Spielberg se vante un peu partout qu’il ne contiendrait que trois plans retouchés numériquement. Plus qu’un antidote, cette opposition de styles est surtout une manière de faire plaisir à tout le monde, art dans lequel le réalisateur a toujours eu dix temps d’avance sur la concurrence. Ceux qui avaient peu gouté à la vitesse et la modernité de Tintin achèteront leur ticket les yeux fermés face à la promesse old school du pitch ; les accrocs à la pyrotechnie seront de la partie pour plonger dans les sidérantes scènes de bataille filmées en « dur » et au ras des tranchées ; les exégètes spielbergiens, eux, auront forcément en tête l’année 93, marquée par les sorties coup sur coup de Jurassic Park et de La Liste de Schindler, combo aux antipodes dont on mesure encore l’étendue des traces sur certaines joues.
Comme toujours chez Spielberg, l’impression initiale est forcément réductrice, et le contrepied annoncé s’avère un peu plus retors que prévu. Exactement de la même façon que Les Aventures de Tintin nous priait de bien vouloir croire en l’incarnation de ses héros virtuels, Cheval de Guerre se construit tout entier autour d’un pari de cinéma insensé, consistant cette fois à raconter la Première Guerre Mondiale à travers les yeux d’un cheval-miracle (baignant d’ailleurs, comme E.T., dans une imagerie christique limpide). Ceux qui pensaient assister à un remake de L’Étalon Noir risquent d’être surpris : ici, tout est raconté du point de vue de la bête et non du gamin. L’idée est aussi brillante que le renversement des valeurs, gonflé. Spielberg s’autorise alors toutes les audaces stylistiques possibles, puisqu’il s’agirait ici de figurer, sans recours aux dialogues, évidemment, le chemin de croix d’un animal propulsé sans sommation du paradis vers l’enfer. Et le film de troquer son taux de glucose redouté, à base de câlinoux dans les pâturages, pour un déchainement de poésie animiste, graphiquement sans équivalent. On pourrait alors croire à un exercice de style haute-couture, où l’agencement des images compterait in fine bien plus que celui du récit. Chez Spielberg, cinéaste universel par excellence, ça tient autant de l’évidence que de la révolution… À première vue, seulement.
Toutes les critiques de Cheval de guerre
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Pas étonnant que le cinéaste ait été frappé par cette oeuvre : Le projet est taillé sur mesure pour le Spielberg du Il faut sauver le soldat Ryan, le spécialiste des récit de guerre, tout comme pour le Spielberg d'E.T., le chroniqueur des désirs d'une jeune garçon et ses aspirations à avoir une famille. (...) En fin de compte, tout ceux qui détestent la guerre se réuniront derrière la version de Cheval de Guerre de Spielberg jusqu'à son émouvante conclusion. Alors que le livre met en avant la simplicité de son phrasé et livre des qualités scéniques prenant vie dans un vacarme assourdissant, l'exploitation habile de la lumière, des ombres mais aussi des paysages par Spielberg prône la paix.
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Des morceaux de bravoure, le film en offre (...). Mais ce qui importe à Spielberg, c'est la fluidité du récit, le caractère vif, presque feuilletonesque de cette fresque, galopant sur plus de cinq années. Même s'il force un peu sur les violons symphoniques et quelques facilités scénaristiques, on se réjouit qu'il ravive ce type d'aventure lyrique, intemporelle, avec une telle indifférence aux modes.
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Le film est vraiment une série de rencontres entre Joey et ceux qu'ils croisent sur sa route, incluant une jeune française (Céline Bucken) et son grand-père (le superbe Niels Arestrup), et un autre cheval, Triphorn. Spielberg garde son film dans les limites de la classification PG-13 sans pour autant lésiner sur les réalités de la guerre. La scène d'un Joey effrayé chargeant à travers un champ de bataille noirci, pour terminer emmêlé et ensanglanté dans les barbelés, est aussi poignante que la scène à venir, mettant en scène un soldat allemand et son homologue britannique, est cicatrisante. Cheval de Guerre vous possède.
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Improbable film, où une histoire intime puis une épopée lyrique autour d'un cheval se terminent comme un western de John Ford. Spielberg est grand.
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Empreint de classicisme, de candeur et d'émotion, un grand film spielbergien sur le lien humain et la fraternité. Un grand film tout court.
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Il signe une fresque aussi spectaculaire qu'émouvante où les grands sentiments sont exaltés par des images sublimes.
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Cheval de Guerre est sûrement le film le plus maîtrisé, le plus inspiré de la carrière de Spielberg. (...) le conte de fées que certains verront est en fait une oeuvre sombre et désespérée, à l'image de ce cheval, perdu dans un no man's land, blessé et sans grand espoir d'en réchapper. Pour le reste, que dire de plus si ce n'est que Cheval de Guerre est d'ores et déjà un classique du cinéma. Tout simplement.
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Cheval de guerre fait mieux que s'offrir comme une visite au musée, chaque jalon trouvant la cohérence et le liant romanesque d'une grande épopée synthétique. Il se conclut sur la flamboyance d'un coucher de soleil fordien, mythe surplombant tous les autres, avec la plus belle des candeurs.
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Avec Cheval de guerre [Spielberg] confirme une fois de plus que, le plus grand, c'est lui.
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Il [Spielberg] y a mis tout son savoir-faire, toute sa fougue, tout son enthousiasme juvénile. Le résultat est bluffant. Adapté du roman jeunesse de Michaël Morpugo, Cheval de Guerre rue dans les brancards (...) Spielberg réussit un tiercé gagnant.
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Un fois encore, avec ce nouveau joyau du 7ème art au lyrisme chavirant, Spielberg réussit la synthèse du spectacle familiale (pas avant 10, toutefois) et du film d'auteur. Oscar du meilleur film en vue.
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Steven Spielberg filme à hauteur d’animal et aussi dans la boue, avec une esthétique parfois angélique, mais qu’importe! On est dans un conte. En suivant Joey, le réalisateur parle d’un monde qu’un simple cheval ramène à son humanité. Adapté d’un roman pour enfants de Michael Morpurgo, le film s’adresse à l’amitié, à la solidarité qui sommeillent en chacun de nous. Une flopée d’acteurs superbes, des centaines de figurants, des dizaines de chevaux portent cette fresque romanesque, sur fond d’Histoire.
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Ultra-sentimental, mais hanté par la peur de la destruction et pétri d'une croyance totale dans le pouvoir transcendant du cinéma, War Horse impose son humanisme carabiné, maladif, par la grâce d'un souffle romanesque aussi fébrile que palpitant.
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(...) admirable que le génie de Spielberg pour dénicher des histoires propres à séduite les gentils petits enfants aussi bien que leurs grands-parents, les spectateurs d'Asie autant que ceux d'Amérique ou d'Europe.
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Avec cheval de Guerre, Spielberg prouve une nouvelle fois son extraordinaire maîtrise de la mise en scène.
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(...) en dépit de ses maladresses, le bain de jouvence auquel Spielberg semble aspirer le temps d'un film est peut-être à trouver dans cette manière de rejouer le cinéma classique dans ce qu'il a d'inaltérable.
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Il arrive (...) que le cinéaste parvienne à mettre en scène une dialectique du merveilleux et de l'horreur qui porte le cinéma au plus haut.
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(...) un film pour enfants avec des scènes de guerre pas pour enfants... On reste perplexe.
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Il faut une sacrée passion des chevaux pour s'intéresser à une histoire dont tous les personnages humains disparaissent (...). Cela vaut peut-être mieux : quand [ils] s'expriment, c'est pour condamner les horreurs de la guerre ou expliciter la moindre de leurs émotions, histoire de ne laisser aucun travail au spectateur.
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Spielberg invite le spectateur à croire en son histoire, à ce conte pour petits et grands. Parce que s’il faut aborder Cheval de Guerre, c’est à l’évidence sous le prisme du conte, pour ainsi en accepter tous les codes du genre. (...) Spielberg signe alors un vrai film romanesque où le mélo de la première partie (...) se trouve rompu par des saillies de violence plus proche de son cinéma actuel (...). Et si le film conserve une naïveté tout du long, celle-ci demeure indissociable de l’histoire, elle apparaît comme une porte d’entrée indispensable.
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Drôle d’objet, anachronique en diable, que ce « Cheval de guerre » qui renoue avec le classicisme du Hollywood d’antan et embrasse dans un même élan le pire et le meilleur du cinéma de Spielberg. Pas de stars, ici, mais un canasson, qui traverse la Grande Guerre de main en main, d’un destin brisé à un autre. Vecteur de bonté et de mort, héros symbolique de cette fable sur la dangerosité du bien en temps de guerre qui a la mauvaise idée de muer, dans sa dernière partie, en conte bêtassou sur l’amitié magique entre l’animal et le gamin qui l’a élevé. Entre-temps, Spielberg aura su dans un film chromo, tour à tour sublime et pataud, risible et bouleversant, conjuguer le lyrisme épique de John Ford et les belles valeurs à la Capra à son sens de l’émerveillement, sa misanthropie morbide et son sentimentalisme roublard. Ce qui n’est pas rien.
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(...) Du Spielberg illustré ; les lucides, eux, railleront le talent endormi d'un cinéaste qui a, certes, fait pire, mais aussi beaucoup mieux.
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Cheval de guerre déroule un savoir-faire paresseux donnant des allures de super-production dans l'alternance mécanique de moments de bravoure boursouflés et d'émotion à deux sous.
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(...) on est dans le romanesque guimauve et ras du poil. (...) le résultat est là : le film se regarde d'un oeil comme un livre d'images feuilleté sans passion.