-
Le titre fait référence à une forme de préjugé qui entraîne un observateur partial à ne voir qu’un seul côté des choses. Comme de considérer chaque Noir comme un criminel en puissance. C’est l’un des nombreux thèmes évoqués dans cette fiction aux ambitions multiples, écrite par deux amis d’enfance –un noir et un blanc, qui jouent eux-mêmes des personnages inspirés de leur propre expérience. Le film démarre par un suspens magistral en annonçant que Collin vit ses trois derniers jours de liberté conditionnelle. Sans rien connaître de lui, on redoute déjà les ennuis à venir, d’autant que sa couleur de peau l’oblige à redoubler d’attention. A côté, Miles, son ami d’origine hispanique, est beaucoup plus libre de ses mouvements, malgré un comportement irresponsable partiellement motivé par sa frustration de voir le quartier s’embourgeoiser. Incidemment, le fait qu’ils soient déménageurs les place dans une situation idéale pour observer en direct comment la ville d’Oakland se transforme, pour le meilleur et pour le pire. Si la plupart des informations sont dispensées verbalement, leur caractère prosaïque est compensé par un artifice risqué : il arrive aux deux lascars d’improviser des vers (les auteurs viennent du slam) au milieu de situations souvent tendues. Cette façon d’utiliser le rap comme un équivalent des chansons dans la comédie musicale représente le pari poétique le plus osé de ce premier film dont les qualités surpassent largement les défauts.