Première
par Sophie Benamon
C’était il y a cinquante ans. Et pourtant les images semblent dater d’hier. Le réalisateur Todd Douglas Miller propose avec Apollo 11 le documentaire ultime sur la mythique mission. Composé en partie d’images inédites en couleur retrouvées par hasard dans le stock des archives nationales parmi des bandes de 16, 35, 65 et 70 mm, le film offre aussi un nouveau regard sur un événement archi connu. La numérisation et la restauration exceptionnelle de l’ensemble donnent à ce documentaire une sensation d’inédit. Oui, on connaît l’histoire, mais jamais jusqu’ici on n’a eu le sentiment de la vivre sous cet angle-là et dans cette intimité-là. Apollo 11 nous entraîne au cœur du suspense de la mission, de ses premiers préparatifs à son retour sur Terre. Et sa force est de ne proposer ni voix off, ni héros. Ici, Buzz Aldrin et Neil Armstrong ne sont que des personnages de l’histoire parmi d’autres, dont les ingénieurs de la Nasa à Houston, calculant et recalculant la trajectoire du module. Ce parti pris crée une totale immersion dans la mission, comme si nous en étions les spectateurs de 1969, guidés par les échanges radio entre la base et les astronautes. Il est intéressant aussi, comme le montre Todd Douglas Miller, de voir la ferveur des foules aux abords du centre spatial, symbole des enjeux et de cet espoir, dont on sait aujourd’hui qu’il est déçu. Ce rêve de Lune qu’on peut voir briller dans les yeux des hommes et des femmes de la fin des années 60 sonne comme la fin d’une époque. Après cela, la conquête spatiale n’aura plus jamais le même goût.