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On se plaint assez dans nos colonnes du manque d’ambition visuelle des films français pour ne pas saluer la volonté de Cavayé d’esthétiser chaque plan, d’organiser chaque séquence en une sorte de ballet graphique impressionnant. La poursuite à pied dans le métro ou le chaos final dans le commissariat vont, à coup sûr, devenir des classiques français du genre tant la tension et l’urgence y vont de pair avec une technicité supérieure à la moyenne – le mixage est également excessivement soigné. Avec ses personnages melvilliens (ceux de Zem et Lanvin), son sens du découpage à l’américaine et son sentimentalisme désuet, À bout portant ne ressemble au final qu’à lui-même. Le probable remake (on parie ?) aura bien du mal à rivaliser.
Toutes les critiques de A bout portant
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Chez Cavayé, le maître mot est efficacité. Et rares seront ceux qui ne seront pas scotchés à leur fauteuil pendant 1 h 25 ! Il s'appuie pour cela sur une mise en image maîtrisée, privilégiant le mouvement devant sa caméra aux mouvements intempestifs de caméra avec, en point d'orgue, une course-poursuite haletante dans les couloirs du métro parisien. Mais il joue aussi à multiplier les fausses pistes scénaristiques et à créer au maximum de l'humain pour ne pas se limiter au pur exercice de style qui finirait par tourner à vide. C'est la french touch de ce film qui n'a pas à rougir face aux productions américaines du même genre. C'est aussi ce que certains, dans notre rédaction, ont trouvé le moins réussi, car le plus maladroit, malgré la justesse de l'interprétation des deux fugitifs de ce polar : Gillles Lellouche, étonnant en futur père prêt à tout et Roschdy Zem, intense en truand plus complexe qu'il n'y paraît. Comme on l'avait déjà constaté dans Pour elle, le regard porté sur ses comédiens est essentiel dans un genre où on a tendance à le sacrifier au profit du pur spectaculaire. Et ça, c'est la Cavayé's touch !
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En marathon man prêt à tout par amour, Gilles Lellouche, l'un des meilleurs seconds couteaux du cinéma français, décroche enfin le premier rôle qu'il méritait avec ce thriller majuscule, maîtrisé et racé, qui n'a rien à envier aux meilleurs éléments du genre made in USA.
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Si vous ne sortez pas à bout de souffle de ce polar made in France, c'est à n'y rien comprendre. A bout portant, le deuxième long-métrage de Fred Cavaye qui nous avait déjà séduits avec Pour Elle, est le film d'action de l'automne.
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Un type qui n’est rien et qui n’a rien à perdre est capable de tout. Le danger et la peur excitent l’imagination, celle d’un gars bien ordinaire plongé dans un cauchemar et qui doit sauver celle qu’il aime. On aura reconnu le thème de « Pour elle », film précédent du réalisateur. Avec la même habileté, des personnages bien écrits et très crédibles, il s’éloigne du schéma, montant en adrénaline à un rythme effréné ! Paris, ses rues, son métro servent de décor à cette impitoyable et haletante course-poursuite : le thriller à la française (« Le convoyeur », « Go fast ») se porte bien.
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Un suspense nerveux et des péripéties bien dosées communiquent une énergie constante à ce polar dopé aux pruneaux et à l'adrénaline.
Classique dans sa forme et solide dans son fond, ce divertissement taillé au cordeau donne la part belle à des performances d'acteurs au meilleur de leur forme. Cavayé impose notamment l'excellent Gilles Lellouche en tête d'affiche charismatique.
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A bout portant renouvelle le genre du thriller français en plaçant la barre très haut tant sur le plan de l’action et du rythme.
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Durant 1h25, le spectateur est mis sous perfusion d'un concentré d'adrénaline dû aux soins intensifs du réalisateur. Il a travaillé son film au scalpel pour en éliminer le moindre contretemps mort. Résultat, les aventures de cet homme ordinaire plongé dans une histoire qui le dépasse vous prennent par le col et vous clouent au fond de votre fauteuil. Le montage à vif, le rythme en hypertension, la lumière métallique, la direction d'acteurs d'une précision chirurgicale font d'ores et déjà de ce thriller une référence.
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S’ensuit un jeu du chat et de la souris entre nos deux fugitifs (Gilles Lellouche et Roschdy Zem, parfaits) et une armada de malfrats, flics et ripoux. Une course-poursuite de plus d’une heure en plein Paris, tendue, taiseuse, qui aurait gagné en efficacité sans le jeu forcé de Gérard Lanvin et une insupportable musique surlignant tout ce que le reste du film s’essaie malignement à véhiculer par l’action.
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Le cinéma US, malgré ses airs triomphants, est beaucoup plus débarrassé que le français de l’obsession de la virilité, vécue sur le mode nostalgique en plus (Roschdy Zem s’appelle ici Sartet, comme Delon dans Le Clan des Siciliens).
Le réalisme sage de l’un s’oppose à l’excentricité de l’autre (voyez la composition du méchant par Michael Keaton chez Schroeder).
C’est dommage, et on espère que l’âge d’homme un peu dingo du polar français arrivera un jour. -
« A bout portant » privilégie l’action et le suspense, avec la volonté — réussie — de scotcher le spectateur aux basques du héros. Fred Cavayé offre ici à Gilles Lellouche son premier rôle principal d’envergure. L’acteur s’est entraîné comme un marathonien pour réaliser lui-même la plupart des cascades. Sa course dans les couloirs du métro mérite de rester dans les annales des meilleures séquences d’action. A 38 ans, Lellouche, bon pote touchant dans « les Petits Mouchoirs », démontre l’étendue de son talent. Il vient d’ailleurs d’être choisi pour une superproduction internationale : il incarnera un méchant dans « Sherlock Holmes 2 » au côté de Jude Law. Sa performance dans « A bout portant » donne une dimension humaine attachante à ce polar tout en muscles.
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La solidarité forcée qui naît entre les deux hommes, le suspense qui menace la vie de l'épouse, la dégradation morale des hommes censés incarner la Loi, tout cela fait sur le papier la trame d'un polar potentiellement idéal, qui ajouterait à la tension sadique hitchcockienne, l'ambiguïté morale d'un Jean-Pierre Melville.
La mise en scène de Fred Cavayé ne laisse hélas guère de chance de s'exprimer à cette subtilité scénaristique, confinant le film à l'atmosphère bleutée, ridiculement virile et péniblement superlative du polar à la française, tel qu'il se décline et se galvaude depuis les années 80.