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Dès le générique, une merveille de malice et d’inventivité graphique signée Geronimo, on sent qu’il se passe « quelque chose ». Pourtant, il faudra attendre vingt bonnes minutes pour que cette intuition se vérifie. Mais, à partir du moment où Elsa établit pour de bon le contact avec Mathieu, une sorte d’effet silex fait instantanément jaillir une étincelle qui illuminera le film jusqu’à sa dernière image. Comme galvanisé par la rencontre de ses deux figures centrales, le metteur en scène Xabi Molia trouve alors une grâce, une inspiration visuelle (la séquence de la cabine téléphonique), une musique verbale et un ton aussi charmeurs que personnels, aussi cocasses que poignants, au point d’atteindre par instants une certaine forme de noblesse. Car c’est bien de noblesse dont il s’agit ici, cette dignité affective et sociale que doivent reconquérir les laissés-pour-compte d’une France indifférente aux gens de peu, que le regard du cinéaste transforme progressivement en superhéros du quotidien. Politique, 8 Fois debout l’est assurément, sans didactisme ni indignation surlignée, mais son étoffe volontiers romanesque est surtout humaine.
Toutes les critiques de 8 Fois Debout
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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On retrouve chez lui ce qui nous séduit dans le cinéma indépendant américain, celui de Sideways ou de Greenberg. Celui qui sait toujours trouver le petit détail humoristique dans les situations les plus désespérées. Celui dont le ton doux-amer est porté par des interprètes capables, comme Denis Podalydès et Julie Gayet, d'incarner avec naturel ces nuances subtiles. Toujours surprenant, 8 fois debout tient en permanence sur un fil joyeusement dépressif sans trébucher.
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Ceci n'est qu'une lecture parmi tant d'autres de la philosophie de ce personnage assez solitaire dans le cinéma français et de ce film pas moins singulier qu'est en définitive Huit fois debout. L'un de ceux donnant des raisons de croire un peu plus en une certaine santé retrouvée de ce cinéma, gagnant comme peu d'autres à édifier calmement ses petites fictions du jour par « le milieu ».
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8 fois debout est un film très attachant avec un couple de losers idéal, Gayet-Podalydès, que l'on n'oubliera pas de sitôt.
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C’est avec beaucoup de tendresse, de dignité et parfois d’humour, sans aucune lourdeur, que le réalisateur et romancier Xabi Molia peint ces attachants inadaptés, des purs, des résistants à la logique économique. La précarité sans misérabilisme, et même avec une belle lumière, de la douceur et de la dignité, une vie où, tout de même, des petits riens peuvent aider à tenir.
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Comment fabriquer de la légèreté à partir d'une histoire de précarité, de dépression et d'inadaptation sociale ? C'est là toute la grâce de ce premier film. Julie Gayet et Denis Podalydès sont vraiment convaincants en couple de super paumés. On ne s'esclaffe pas méchamment lorsqu'ils se plantent lors d'entretiens d'embauche catastrophiques, mais, tout de même, on rit... La poésie prend le dessus sur la misère.
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Par sa thématique sociale, ce premier long métrage renvoie à d'autres films français récents comme Versailles, Non ma fille, tu n'iras pas danser, ou encore Rapt : même inquiétude du déclassement, où, comme dans Versailles, la forêt devient le domaine de l'exclusion, un territoire sauvage à reconquérir. Mais cette violence, ajoutée à la pression sociale réservée aux « mauvaises » mères, se traduit ici non par un pensum politique, mais par un film semi-lumineux jonglant entre les codes de la romance typique de l'« indie US » et l'errance métaphysique à la Kelly Richards (Wendy and Lucy). Délesté de tout pathos, le film semble revendiquer une certaine légèreté. A ce titre, louons la prestation nuancée de la diaphane Julie Gayet, émouvante dans son meilleur rôle à ce jour, et la précision minimaliste du jeu de Denis Podalydès, excellent en philosophie sylvestre. Leurs trajectoires claudicantes se croisent avec grâce, selon l'inclinaison mouvante d'une chute effrayante certes, mais gorgée d'espoir. « Sept fois à terre, huit fois debout. » dit le proverbe.
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Sur cette trame somme toute banale, Xabi Molia, 31 ans, jusqu’alors romancier et auteur de courts-métrages, construit un film inspiré, à fleur de peau et jamais m’as-tu-vu.
Julie Gayet, fragile et forte, coproductrice, et Denis Podalydès, excellent dans l’humilité, s’accordent à faire sonner juste cette sensibilité très française. « 8 fois debout » ? Huit fois bravo. -
Défilé de situations en pointillé (Elsa tente de rentrer chez elle avec un pied-de-biche, Elsa trimballe sa plante verte...), 8 fois debout dévoile une comique impénétrable, la femme qui ne s'extériorise jamais.
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On est séduit par le ton du premier long métrage de Xabi Molia jusque-là écrivain. Plus doux qu'amer, ce constat cruel sur la précarité a la légèreté d'un conte. Même dans ses aspects sombres, le film est une ode aux boiteux de la vie, pas si désireux de marcher droit, pas si pressés d'être recadrés. Prenez Mathieu : pour faire chic, il a inscrit « tir à l'arc » dans la catégorie « loisirs » de son CV. Du coup, il passe plus de temps à s'entraîner qu'à chercher un emploi ! Elsa n'a aucun diplôme ? Et alors ? Elle préfère passer des heures à rêvasser en haut d'un arbre ou à marcher dans la forêt... où Mathieu, justement, s'est bricolé une cabane de fortune en attendant que les choses s'arrangent. C'est une des belles idées du film : ce retour à l'état sauvage, à une part d'enfance dans une nature hospitalière qui ne vous demande pas votre CV. Soudain, la mise en scène de Xabi Molia s'élargit, s'illumine...
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Julie Gayet est sublime de justesse sous les traits de cette héroïne complexe, en déséquilibre, qui, à sa manière un peu brusque, va regagner le coeur de son enfant.
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Tout en évoquant la précarité et le formatage imposé de la société, l'ex romancier ne tombe jamais dans le discours "socialisant", réussissant un film suspendu et gracieux, porté par deux acteurs sensibles.
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En équilibre délicat sur le film de la comédie et du drame social, ce film est une ode aux ratés magnifiques. Elsa a beau sombrer, elle reste lumineuse, luttant à contre-courant de ce que la société attend d'elle comme employée et comme mère. Denis Podalydès, impayable en Robin(son) des (sous-)bois, nous offre un entretien d'embauche "douteux" qui restera dans les annales.
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Sur un air de comédie romantique et mélancolique, ce premier long-métrage du jeune écrivain Xabi Molia n’hésite pas à s’attaquer aux normes les plus implacables de notre monde et distille une mélodie subversive qui fait un bien fou.
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Malgré une bonne dose de tendresse, d’humour bienvenue et de pertinence sociale, Huit fois debout n’est pas pour autant une réussite. La faute à des baisses de rythme et à quelques longueurs. Il n’est pas toujours évident de saisir où Xabi Molia veut en venir car les situations tournent en rond et le spectateur aussi, même si cela colle avec la situation des protagonistes qui sont dans l’impasse. On évitera toutefois de porter un regard trop sévère ; la comédie porte un regarde juste et respectable sur le mode de fonctionnement de notre société. Xabi Molia ne désigne aucun coupable, mais évoque plutôt une conjonction d’éléments à la source du drame de ses deux personnages principaux. Même si le discours s’éternise, on n’oublie pas de sourire, et même de s’esclaffer devant la gaucherie chronique de ces antihéros.