Affiches Films à l'affiche mercredi 20 décembre 2023
Warner/ Pyramide/ Memento

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
AQUAMAN ET LE ROYAUME PERDU ★★☆☆☆

De James Wan

L’essentiel

Aquaman 2 conclut l’univers DC lancé il y a 10 ans. Un film dégénéré qui tire dans tous les sens, mais où surnagent quelques belles idées.

Ça y est, c’est la fin. Avec Aquaman et le Royaume perdu, Warner ferme une parenthèse super-héroïque de dix ans durant laquelle le studio aura tenté de concurrencer Marvel en créant son propre univers partagé. Après un résumé de ce qui s’est déroulé hors écran depuis le premier Aquaman, James Wan plante les graines d’un grand film d’aventures avec une dizaine de minutes d’exploration sous l’Antarctique, où se cache le fameux Royaume perdu. Mais ce Vingt Mille Lieues sous les mers teinté d’horreur, que Wan semble tenir à réaliser sera cannibalisé par le personnage d’Aquaman, toujours aussi creux et sous-incarné par Jason Momoa et plombé par un scénario insensé, où on nous trimballe d’une scène à l’autre sans autre forme de procès. C’est souvent consternant mais il est pourtant rigoureusement impossible de s’ennuyer face à ce spectacle bizarroïde.

François Léger

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LA FILLE DE SON PERE ★★★★☆

De Erwan Le Duc

L’essentiel

Une comptine funambulesque sur la relation père-fille. Comme dans Perdrix, Erwan Le Duc sublime le réel en baignant son récit d’une amusante mélancolie.

Huit minutes. C’est le temps que met Erwan Le Duc à poser les bases de son récit, dans une succession de plans sans dialogue, sur une fabuleuse musique de Julie Roué : Etienne a 20 ans, tombe amoureux de Valérie, leur fille Rosa voit le jour, Valérie disparait, Etienne devient papa poule célibataire. Ellipse. Rosa a 17 ans et doit quitter le nid pour entamer des études d’art. Mais qui sont-ils l’un sans l’autre, eux qui se sont toujours construits à deux ? Le réalisateur de Perdrix nous embarque alors dans une danse endiablée, où tournoient les grands yeux pétillants de Nahuel Perez Biscayart et la douce désinvolture de Céleste Brunnquell. S'enchaînent des scènes loufoques, presque surréalistes, où père et fille tentent de trouver un sens à ce nouveau départ. Et le film se réinvente à mesure que ses protagonistes évoluent. La Fille de son père mêle mise en scène audacieuse et écriture minutieuse. Un véritable bonbon acidulé qui redonne goût à la vie.

Lucie Chiquer

Lire la critique en intégralité

MENUS- PLAISIRS ★★★★☆

De Frederick Wiseman

En s’attaquant à la maison Troisgros, trois étoiles au Michelin et repris de générations en générations par la même famille, Frederick Wiseman (Welfare, City Hall…) filme la restauration de la même manière qu’un hôpital ou une mairie, c’est-à-dire de sorte à en révéler son fonctionnement concret par le montage de majestueux plans séquences. Mais la particularité de ce Menus-Plaisirs consiste justement à se faire plaisir en montrant le raffinement de ce restaurant, sentiment inédit dans cette vaste filmographie où il s’est surtout illustré par ses regards critiques pointant des dysfonctionnements majeurs.  Et on ressort du film comme d’un repas à l’une de leurs tables : forts repu, mais ô combien comblé.

Nicolas Moreno

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A AIME

VOYAGE AU PÔLE SUD ★★★☆☆

De Luc Jacquet

Réalisateur du triomphal La Marche de l’Empereur (sorti en 2005), Luc Jacquet partage cette fois sa fascination pour l’Antarctique dans un récit filmique très personnel sa voix commente de saisissantes images qu’il a prises du Pôle Sud. S’étant souvenu lors d’un voyage sur place en 2021 que cela faisait exactement 30 ans qu’il avait exploré pour la première fois cette vaste étendue polaire, le cinéaste se laisse aller à des pensées originales sur ce qu’il appelle le royaume des glaces et tente d’expliquer les raisons de l’irrépressible attirance humaine pour ces majestueux paysages. Introduisant l’idée que l’avenir de ce continent de glace est menacé, tout comme l’est la vie humaine sur Terre, le film constitue à la fois un traité écologiste et une réflexion mélancolique sur la magie de l’Antarctique, que Jacquet filme en noir et blanc pour mieux en saisir l’atemporalité et l’espoir de son éternité.

Damien Leblanc

UNE EQUIPE DE RÊVE ★★★☆☆

De Taika Waititi

Décidément, Taika Waititi ne fait rien pour qu’on l’aime. De film en film, on découvre un nouvel aspect de sa façon de voir le cinéma (le mauvais goût de Jojo Rabbit, la paresse de Thor…). Et là, paf, Waititi dégaine son meilleur film depuis Boy (2010) ! Adaptation stricte (même le titre VF n’a pas changé) d’un documentaire racontant la lutte de l’équipe de foot nationale des Samoa américaines pour marquer au moins un but dans les éliminatoires de la coupe du monde 2001, Une équipe de rêve carbure aux clichés recuits (les maoris vus comme des arriérés loufoques) et à une mise en scène d’une indécrottable mollesse. Et pourtant, à la fin, ça fonctionne. Pas vraiment par effort, un peu par miracle, par la grâce d’un speech piqué à L’Enfer du dimanche, d’un Michael Fassbender en fer et d’une actrice sublime (Kaimana, qui joue une footballeuse trans), le film devient enfin ce qu’il veut : un joli effort pour sacraliser la lose intégrale.

Sylvestre Picard

POUR TON MARIAGE ★★★☆☆

De Oury Milshtein

Longtemps directeur de production dans le cinéma, Oury Milshtein est inconnu du grand public mais réalise soudain à 65 ans passés son premier film documentaire dans lequel il raconte sa vie de façon rocambolesque. À la fois fils d’un célèbre peintre (Zwy Milshtein) et ancien gendre d’Enrico Macias (dont il épousa la fille il y a trente ans), Oury a eu cinq enfants avec deux femmes différentes et se rend souvent sur la tombe de son défunt psy. S’appuyant sur des images d’archives mais se filmant aussi au présent, le cinéaste convoque notamment sa famille recomposée lors de dîners filmés qui prennent la forme de psychanalyses fracassantes où s’expriment autant l’amour que la souffrance du deuil. Ce décapant autoportrait se demande ainsi ce que les parents lèguent spirituellement à leurs enfants et permet de rire et pleurer autour des origines et de l’identité. Ce qui, par les temps qui courent, fait un bien fou.

Damien Leblanc

LES COLONS ★★★☆☆

De Felipe Galvez

Le western semble revenir au grand galop en 2023, le genre se voyant réinvesti par un regard neuf et bien plus éveillé aux atrocités commises par les colons. En l’occurrence ici, trois cavaliers recrutés par un propriétaire qui sont chargés de déposséder les habitants de leur zone, dans la Terre de Feu, dans un Chili du début du XXe siècle. L’intérêt du regard porté sur cette intrigue réside dans le dédoublement de son analyse de la situation : l’horreur vient à la fois du fait colonisateur et de l’homme viril. Nulle homo-érotisation de ces corps, au contraire. Si la force du récit avait été égale à la beauté des plans et des décors, on tenait là un très grand western contemporain. Mais hélas l’intrigue n’accroche jamais véritablement, contrairement au regard de ces hommes et (surtout) femmes dominées, dont le mutisme résonne en discrète solidarité avec celui de Lily Gladstone dans Killers of the Flower Moon.

Nicolas Moreno

 

 

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

MA FRANCE A MOI ★★☆☆☆

De Benoît Cohen

Si seule à la mort de son mari, France accueille dans son grand appartement parisien un jeune migrant ayant fui l’Afghanistan, Reza. Elle souhaite qu'il s'intègre en trouvant rapidement un travail, mais lui rêve de longues études, à Sciences Po alors que son fils, exilé à New York, s'inquiète de voir un étranger prendre sa place au sein du foyer. Benoît Cohen (Nos enfants chéris) adapte ici son roman, succès de librairies en 2018, inspiré par l’histoire de sa propre mère. Fanny Ardant s’y révèle saisissante dans le rôle de cette femme pleine de contradictions, qui a au moins autant besoin de Reza qu'il n'a besoin d'elle. Mais la volonté de faire passer des messages sur le vivre ensemble pousse Benoît Cohen à trop surligner les choses, étouffant peu à peu son récit et l’émotion qu’il ambitionne de faire naître. De bonnes intentions totalement contre- productives.

Elodie Bardinet

INSPECTEUR SUN ET LA MALEDICTION DE LA VEUVE NOIRE ★★☆☆☆

De Julio Soto Gurpide

Arachnophobes, passez votre chemin ! Amusant mélange entre Hercule Poirot et Inspecteur Gadget, ce film d’animation suit l’inspecteur Sun, une araignée détective aux compétences plus que douteuses... Alors qu’il embarque dans un convoi aérien direction San Francisco, il est forcé de résoudre l’énigme qui entoure le meurtre du Docteur Bugsy Epinestone. Veuve noire, criquet, mouche, fourmi et mante religieuse vont croiser son chemin et s’ajouter à la longue liste de suspects. Bel exploit que de rendre cette ribambelle d’insectes attachante ! Mais ce charme ne parvient pas à perdurer : les révélations autour de l’enquête s’accumulent et alourdissent le récit, qui aurait eu besoin d’une conclusion davantage fignolée. Heureusement que l’humour décalé vient rattraper ces écarts scénaristiques.

Lucie Chiquer

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

MUNCH ★☆☆☆☆

De Henrik Martin Dahlsbakken 

On se plaint assez de voir trop de biopics dépourvus de point de vue pour ne pas saluer la manière dont Henrik Martin Dahlsbakken s’empare ici de la figure du peintre Edward Munch. Tel Haynes avec I’m not there pour Dylan, il fait incarner l’auteur du Cri par quatre acteurs différents (dont une femme) à quatre périodes de sa vie, osant même l’anachronisme puisque la dernière se déroule à Berlin dans les années 2000, 50 ans après sa disparition. Ces aller- retour entendent raconter l’homme autant que l’artiste, ses inspirations comme son rapport complexe à la création. Mais l’exercice de style prend hélas le pas sur le reste et tient à distance le spectateur non connaisseur. Le tout avec quelques gestes pas très heureux comme ces plans avec en arrière- fond un ciel semblable à ses tableaux qui apparaissent gadget. Munch s’éloigne certes du film- référence de Peter Watkins qui se concentrait sur la jeunesse du peintre mais sans convaincre.

Thierry Cheze

UN CORPS SOUS LA LAVE ★☆☆☆☆

De Helena Giron et Samuel M. Delgado

Au milieu d’un océan agité, trois hommes atteignent à la nage une île déserte avant de se mettre en marche. Nous sommes en 1492 et les voyageurs fuient ensemble l’embarcation de Christophe Colomb qui les condamne à mort. Alors, ils déambulent au milieu des paysages volcaniques des Iles Canaries pour semer leur châtiment. Silencieux (on compte les dialogues sur les doigts d’une main), ils portent avec eux le fardeau des futurs massacres causés par leur équipage. Appartenant moins au film d’aventure qu’au travail d’archive, Un Corps sous la lave glisse les images d’autres productions dans une intrigue dont on peine à y voir clair. Le produit hybride nous perd avec ses personnages et tient parfois plus de l’œuvre projetée sur les murs des musées. Malgré son sujet rare et sa courte durée (presque expéditive), ce voyage conceptuel nous échappe sans nous donner les moyens d’y participer.

Bastien Assié

 

Et aussi

Chasse gardée, de Frédéric Forestier

Jeff Panacloc- A la poursuite de Jean- Marc, de Pierre François Martin- Laval

La reprise

Mon nom est personne, de Terence Hill