Depuis septembre, elles ont succédé aux deux Eric (Zemmour et Naulleau) comme intervieweuses pugnaces dans le talk-show de Laurent Ruquier. Bilan d’étape par Télé 7 jours.

Depuis septembre, elles ont succédé aux deux Eric (Zemmour et Naulleau) comme intervieweuses pugnaces dans le talk-show de Laurent Ruquier. Bilan d’étape par Télé 7 jours.Rendez-vous dans une brasserie près de l’Opéra Garnier. Natacha Polony arrive à l’heure. Audrey Pulvar tarde un peu. La piquante rousse envoie un texto à sa collègue. Dix minutes plus tard, – ah, les embouteillages parisiens ! –, les voilà assises côte à côte sur la banquette. Pour une fois, à elles de répondre aux questions.Natacha, vous flinguez tout de suite, alors qu’Audrey, vous attendez avant de dégainer. Vous êtes donc une arme à double détente ?Audrey Pulvar : Ça dépend des interventions. Ayant beaucoup fait d’interviews politiques, j’ai tendance à installer l’invité, avant de le bousculer. Mais, je m’efforce désormais d’être plus directe.Natacha Polony : Je n’ai pas cette expérience, je dégoupille ma grenade tout de suite.Laurent Ruquier ou la productrice Catherine Barma demandent-ils à consulter vos questions ?N.P. : Pas du tout.A.P. : En revanche, avec Laurent, on parle un peu des artistes. Son souci est d’obtenir une interview équilibrée. Si on dézingue une personnalité, il va contrebalancer.N.P. : Contrairement aux affirmations de Christophe Hondelatte, Laurent choisit ses invités, parce qu’il apprécie leur travail. Il est là pour les mettre en valeur. Peu importe ce que nous nous en pensons.Cela n’a pas empêché Christophe Hondelatte de quitter brutalement le plateau suite à vos avis négatifs sur son CD…A.P. : Franchement, il s’est fait son cinéma tout seul. Il est parti, puis est revenu pour vingt minutes. Il a cherché à créer le buzz.N.P. : Il l’a même amplifié en tweettant. C’est ridicule !Quelles limites vous donnez-vous dans vos critiques ?A.P. : Ne pas humilier les gens. Je peux être dure avec Jacques Séguéla, car qu’il a du répondant. Mais j’ai mis les formes avec le chanteur Colonel Reyel pour lui dire que je n’aimais pas son album. Ç’aurait été trop facile de le flinguer : il était comme un oiseau tombé du nid.N.P. : Nous ne sommes pas aux jeux du cirque. Oui au côté bretteur, non au côté gladiateur et au spectacle avilissant. Notre but est d’offrir une approche intelligente des livres, des films, des disques, même quand ils présentent peu d’intérêt.Des regrets d’avoir énervé certaines personnalités ?A.P. : Aucun ! Je déplore simplement, lors de la première, d’avoir raté l’entretien avec Martine Aubry (portant principalement sur sa position sur l’affaire DSK, ndlr). Nous n’avons pas su doser notre pugnacité.Natacha, vous travaillez au Figaro. Audrey, vous partagez la vie du député PS, Arnaud Montebourg et candidat à la primaire socialiste. L’une à droite, l’autre à gauche. C’est pour l’équilibre ?N.P. : Je vous arrête tout de suite. J’ai des convictions, mais je ne suis pas militante. Je me sens proche idéologiquement de Jean-Luc Mélenchon, (candidat du Front de Gauche à la présidentielle, ndlr), cela ne m’a pas empêchée de lui rentrer dedans.A.P. : Mes idées politiques, je les garde pour moi. J’essaie d’être une journaliste intraitable, quel que soit l’invité. Certains me prêtent des arrière-pensées. Cela m’agace ! J’ai l’impression de payer le fait d’avoir révélé ma relation privée avec Arnaud Montebourg.Après un mois d’antenne, avez-vous le sentiment d’avoir rodé votre duo ?A.P. : Non. J’attends le moment où nous allons nous comprendre sans nous parler.N.P. : Nous ne sommes pas encore un vieux couple !Interview Emmanuel Ducasse du magazine Télé 7 jours