Sa mort tragique, dans un accident de voiture juste après la première de son plus beau film (l'Année du lièvre), interrompt prématurément une brillante carrière commencée alors même qu'il était encore étudiant. Ses films valent à Jarva plus de récompenses dans son propre pays qu'à tout autre, et les cinéastes de sa génération ont un profond respect pour sa volonté arrêtée de mettre le cinéma au service de la réforme sociale. Comme Zanussi, ce Polonais dont l'uvre est parfois assez proche de la sienne, il se passionne pour les sciences. S'il doit beaucoup à la Nouvelle Vague, le Jeu de la chance (Onnenpeli, 1965), le meilleur film de ses débuts, est déjà une analyse mordante des rapports humains en même temps qu'une réflexion sur les conflits surgis de la soif de liberté et du besoin d'un certain confort bourgeois.Jarva se livre à une première approche didactique des problèmes socio-économiques dans le Journal d'un ouvrier (Työmiehen päiväkirja, 1967) : cherchant à améliorer son sort, un jeune ouvrier d'usine s'y trouve à la fois victime des préjugés sociaux et de sa propre faiblesse morale. Le Temps des roses (Ruusujen aika, 1969) tente de faire passer un message social par le biais de la science-fiction, tandis que Rallye (Bensaa suonissa, 1970) narre sur le mode humoristique l'histoire extravagante d'un pilote de rallye aux ambitions matérialistes. Jarva a fait la preuve de la portée de son talent dans Quand le ciel tombera (Kun taivas putoaa, 1972), qui évoque la presse à sensation. La Guerre d'un homme (Yhden Miehen sota, 1973), uvre pessimiste, d'une grande beauté plastique, met en scène un ouvrier du bâtiment qui s'efforce de monter sa propre affaire dans une société régie par l'opportunisme économique. Jarva devait témoigner également de son habileté à l'occasion de comédies dramatiques teintées de satire, telle l'Année du lièvre (Jäniksen vuosi, 1978). Cette épopée d'un homme d'affaires, qui abandonne tout pour courir la campagne en compagnie d'un lièvre blessé trouvé le long de la route, demeure à la fois le plus percutant et le plus subtil des films de cette veine, avec une délicatesse de style qui faisait souvent défaut dans ses documentaires critiques plus directs.