Auguste Lumière est indissociable de son frère Louis. Ils sont les dignes héritiers d’Antoine, leur père qui fut photographe à Besançon et améliora les procédés de la photographie à partir de l’utilisation des plaques sensibles. Auguste et Louis ne purent que suivre ses traces d’inventeur, entrepreneur installé à Lyon. Auguste Lumière fit ses études à l'école industrielle de la Martinière et obtint un diplôme de chimie. Les frères Lumière, brillants ingénieurs, ont œuvré ensemble une grande partie de leur vie. Auguste et Louis restent dans le giron familial et s’attellent à améliorer les plaques photographiques. Celles-ci perfectionnées au gélatino-bromure d'argent, obtenues par Louis permettent de créer une usine, employant une dizaine de personnes. Vingt ans plus tard, sa production annuelle dépasse la barre des 15 millions de plaques en employant plus de 300 ouvriers. C’est cette structure créée par son aîné qu’intégrera Auguste Lumière une fois ces études achevées. Après divers tâtonnements, les frères Lumière mettent au point les plaques autochromes. La première production industrielle de plaques autochromes commence en 1907, et durera une trentaine d'années. En 1914, elle atteignait 6 000 plaques par jour. Cette entreprise et ses revenus leur permettront de se développer et de se diversifier autour de l’image. Encore une fois, Antoine montre la voie. Il découvre, à Paris, le kinétoscope, invention de Thomas Edison. Auguste et Louis refusent d’adhérer simplement au concept mais pensent tout de suite à l’améliorer. Ils décident d'acheter le brevet de l'invention de Léon Bouly : le cinématographe et vont être les inventeurs de l'exploitation commerciale de la cinématographie dans les cinémas. Les frères Lumière créent leur modèle de projecteur et de caméra en s'inspirant du mécanisme d'entraînement d'une machine à coudre pour que le film défile devant la fenêtre d'obturation. Après des mois de recherche, le cinématographe naît et sera breveté le 13 février 1895 sous le nom des deux frères alors que Louis a bien plus travaillé à cette invention. Non contents d’avoir breveté le cinématographe, Auguste et Louis réalisent une quinzaine de films pour présenter leur cinématographe. La première projection privée a lieu dans la résidence familiale, le château Lumière à la Ciotat et la première projection publique a eu lieu au salon indien du Grand Café à Paris, le 25 décembre 1895. Le premier film présenté devant public en 1895 représentant la sortie des ouvriers des usines Lumière, était projeté à 16 images par seconde. La sortie de l’usine Lumière à Lyon avec L’arroseur arrosé sont parmi les 15 films projetés à cette séance et sont les plus connus. Les premières séances de projection furent décevantes mais en quelques jours le succès fut tel qu’on se bousculait pour y assister. Une seconde salle ouvre rue Saint Denis, à Paris et les recettes des projections atteindront trois millions de francs en 1900. Malgré les demandes d’achat, les frères Lumière plutôt que de mettre le cinématographe sur le marché, créent une école d’opérateurs. Ces opérateurs font la promotion du cinéma et fournissent des prises de vues de divers endroits du globe. Ils tournent plus de 500 films en deux ans, découvrant, par hasard, des effets spéciaux. Le premier travelling (appelé à l'époque : panorama) a été fait à Venise sur une gondole, un opérateur ayant l'idée de filmer avec une caméra mobile, des objets mobiles.Lors de l'exposition universelle de 1900, les Lumière projettent leurs vues sur un écran géant de 16m sur 21m. La toile est immergée entre chaque séance pour que le poids de l'eau la maintienne tendue. Les spectateurs se placent des deux cotés de l'écran, sur le Champ de Mars. Au bout de quelques années, les productions de Pathé, Gaumont et surtout Méliès attirent davantage le public. Et les Lumière abandonnent le cinéma. Louis disait :" le cinéma est une invention sans avenir".Auguste se consacre alors à des recherches médicales plus en rapport avec sa formation de chimiste. Il a des réflexions très pertinentes. Il est à l’origine de médicaments tels que le tulle gras pour soigner les brûlés, la thérapeutique de la tuberculose grâce aux sels d'or et à la cryogénie, l'allocaïne...Mais d'autres font mettre en doute sa notoriété. Son usine prépare 150 produits pharmaceutiques qui seront utilisés dans la clinique Lumière, créée en 1936 et où on applique les principes tirés des recherches d'Auguste. Sa fortune lui permet de publier de nombreux ouvrages.On recense 196 brevets et 43 additifs propriétés des Lumière (Brevets collectifs, sociétés Lumière et brevets individuels). Durant la seconde guerre mondiale, Auguste se range très discrètement aux côtés du gouvernement de Vichy. Il siége, quoique rarement, au conseil municipal de Lyon, mis en place par Vichy en 1941. Sa réputation fut entachée du soupçon de collaboration avec l’ennemi alors qu’il a longtemps travaillé avec le chimiste Alphonse Seyewetz, qui était de confession juive. Les Lumière ont été représentatifs d’une époque, celle des débuts de l’essor industriel et de l’application à grande échelle des résultats de recherches scientifiques. Ils ont fait partie de ces pionniers qui ont su appliquer leurs inventions et d’en faire une industrie gérée par l’entreprise familiale.
