Alice Guy est une réalisatrice française. De son nom complet Alice Guy Blaché, elle est née le 1er juillet 1873 à Saint-Mandé, dans le Val-de-Marne. Elle grandit dans plusieurs pays (Chili, Suisse et France), où ses parents exercent comme éditeurs. Sa formation en secrétariat terminée, elle devient en 1894 secrétaire du Comptoir Général de la Photographie, qui sera racheté l’année suivante par Léon Gaumont et deviendra la société Gaumont. C’est par le truchement de cette compagnie, d’abord spécialisée dans la production d’appareils cinématographiques, qu’Alice Guy réalise en 1906 le premier film de fiction de l’histoire du cinéma, La Fée aux choux, résultat d’une parfaite combinaison des images animées des Frères Auguste et Louis Lumière et du quatrième art pour donner naissance au septième art. Elle met par la suite en scène des films proches des documentaires (L’Utilité des rayons X, 1898), de l’univers du cirque (Miss Dundee et ses chiens parlants, 1902), ou encore des fictions comiques telles que Comment Monsieur prend son bain (1903). Elle puise aussi son inspiration dans la littérature, à l'image de son adaptation de Notre Dame de Paris de Victor Hugo avec La Esmeralda (1905).En 1906, Alice Guy fait étalage de son talent en signant une série de vingt-cinq tableaux sur La Vie du Christ. Une œuvre pour laquelle la Gaumont mobilise d’énormes moyens financiers, matériels (avec vingt-cinq décors) et humains (plusieurs centaines de figurants). S’intéressant aux travaux d’Étienne-Jules Marey et Georges Demeny, deux précurseurs du cinéma, elle prend une part active au développement du chronophone, qui lui permet de mettre en scène entre 1902 et 1906 une centaine de films, actuellement désignés sous le nom de clip vidéo. Après avoir conduit la compagnie Gaumont au firmament de sa gloire, avec à son actif plus de trois cents films, la cinéaste, mariée en 1907, décide de suivre son époux Herbert Blaché aux États-Unis, où ce dernier est chargé de représenter Gaumont. Alice Guy est alors remplacée aux commandes du département production par Louis Feuillade, qu’elle adoube elle-même.Outre-Atlantique, elle poursuit son activité de réalisatrice avec sa société de production Solax Film Company, qu’elle crée en 1910. Elle devient ainsi la première femme à avoir monté une maison de production cinématographique. Elle travaille également sur des films de Charlie Chaplin par l’intermédiaire de la Film Supply Company. Alice Guy tourne pas moins de soixante-dix moyens et longs-métrages, explorant tous les genres : comédies (Mrs. Richard Dare, 1910), drames (Charlot brocanteur, 1910), western (Algie, the Miner, 1912) ou encore romance (The Ocean Waif, 1916). Elle acquiert une grande notoriété dans le paysage cinématographique américain et se donne même le luxe de construire dans le New Jersey un immense studio, qui sera le centre d’attraction du septième art mondial durant les années 1910. Pour la distribution de ses œuvres, elle s’attache les services de la M.G.M. (Metro Goldwyn Mayer). Une collaboration qui durera jusqu’en 1918.En 1917, Alice Guy, lassée par les fredaines de son mari, demande le divorce. Confrontée par la suite à de graves difficultés financières, elle décide de revenir en France en 1922, deux ans après avoir tourné son dernier film, La Flétrissure. Quelques années plus tard, elle retourne aux États-Unis et décède, le 24 mars 1968, à Mahwah dans le New Jersey. Avec Herbert Blaché, elle a eu deux enfants, Simone et Réginald Blaché-Bolton. Première femme cinéaste, Alice Guy a inscrit près de sept cents titres dans sa filmographie. Elle obtient la Légion d’Honneur en 1953 et l’hommage de la Cinémathèque Française en 1957.