Ce drama australien sur la crise migratoire, adapté de faits réels, est un choc visuel et émotionnel.
Netflix a le chic pour nous mettre K.O. avec des séries limitées pas franchement attendues, mais qui génèrent un retentissement cinglant parmi les abonnés. Dans la veine d'Unorthodox, Unbelievable ou encore Dans leur regard, Stateless est un drama inspiré d'une histoire vraie qui laissera sa marque ! Une histoire qui a secoué l'Australie toute entière, il y a 15 ans, lorsqu'on a retrouvé une jeune Australienne souffrant de troubles mentaux, en train de croupir dans un centre de rétention pour migrants, dans le sud du pays dont elle était une citoyenne à part entière. Le scandale Cornelia Rau a déclenché l'indignation du public et dans la foulée, une enquête du gouvernement sur un système d'immigration désastreux.
Stateless reprend à son compte ce fait divers pour raconter la crise migratoire à laquelle sont confrontés tous les pays riches, à travers la vie de ce camp où se côtoient des réfugiés d'Irak, d'Inde, d'Afghanistan, du Pakistan, du Sri Lanka... Un camp où se retrouve enfermée Sofie, ancienne hôtesse de l'air en perdition, mal dans sa peau, et passée par une sorte de secte du développement personnel. Cherchant à fuir, encore et encore, le destin de Sofie se retrouve lié à celui de centaines de réfugiés à la recherche d'un asile politique, de familles brisées par des passeurs sans scrupule, et les gardes australiens de cette prison bureaucratique, dépassés par une situation rendue explosive par une inertie administrative coupable.
Le sujet est fort, complexe, et Stateless ne le traite pas par le petit bout de la lorgnette. Cate Blanchett, qui a co-créé la série avec Tony Ayres et Elise McCredie, a le mérite de prendre une photographie la plus large possible du problème, en évitant soigneusement la simplification manichéenne. La série ne joue pas la carte de la tragédie misérabiliste, mais tente plutôt de décrire une réalité cruelle, alors que le sentiment anti-migrant a pris une vaste ampleur dans nos sociétés occidentales. Stateless pointe du doigt les loupés d'un système australien qui n'a pas su faire face. Loin de l'exposer froidement, elle le fait avec une humanité qui nous touche en plein coeur. L'histoire d'Ameer (Fayssal Bazzi), cet Afghan passé par l'enfer pour mettre sa famille à l'abris, est sans aucun doute la plus émouvante de toutes. Mais on est tout aussi touché par la sensibilité de Cameron (Jai Courtney), ce gardien de camp qui essaye de faire ce qu'il peut, comme il peut.
D'une manière générale, Staleless n'est pas une série facile. Elle est souvent douloureuse à suivre. Mais elle n'est jamais larmoyante et les performances toutes en nuance du fabuleux casting aident largement à encaisser le choc. Yvonne Strahovski, déjà stupéfiante dans The Handmaid's Tale, confirme tout le bien qu'on pense d'elle depuis Chuck. Et puis la réalisation cinématographique réussit à capter la beauté de cette lumière du désert du sud de l'Australie. Un décor à couper le souffle, pour une série qui nous vous laissera pas indifférent.
Stateless - mini-série en 6 épisodes - à voir sur Netflix depuis le 8 juillet 2020.
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