Roswell
Warner Bros.

Entre teen drama torturé et grosse saga SF, la série culte a souvent cherché le bon ton. Le créateur, Jason Katims, raconte aujourd'hui le voyage de Liz, Max et les autres, entre 1999 et 2002.

Quelques notes de Dido. La chanson "Here With Me" se lance et vous vous revoyez devant la Trilogie du samedi sur M6... Roswell fête ses 25 ans aujourd'hui. Le 6 octobre 1999, juste après Buffy, la chaîne américaine WB (ancêtre de CW) lançait sa grande romance SF, avec Shiri Appleby, Jason Behr, Brendan Fehr, Majandra Delfino, Colin Hanks et Katherine Hiegl, pas encore star de Grey's Anatomy.

Jason Katims, le créateur, à qui l'on doit depuis les énormes Friday Night Lights ou Parenthood, se souvient dans Variety. Il raconte comment il a imaginé l'histoire de Liz Parker (Appleby), une lycéenne vivant à Roswell, au Nouveau-Mexique, une ville rendue tristement célèbre par le crash supposé d’une soucoupe volante en 1947. Dans les premiers instants du pilote, la jeune serveuse au Crashdown Cafe se prend une balle perdue et se vide de son sang sous la machine à café. Elle est miraculeusement sauvée d’un simple contact par son camarade de classe, le calme et séduisant Max Evans (Behr). Elle va découvrir qu’il est l’un de ces extraterrestres qui se sont écrasés en 1947. Ils se sont réveillés des années plus tard et vivent désormais comme des adolescents super puissants dans un monde ordinaire qui n'est pas le leur.



Une histoire à la Roméo et Juliette

"Je suis vraiment tombé amoureux de l’idée, de cette histoire et de ces personnages" raconte Katims, qui a ainsi adapté les romans Roswell High de Melinda Metz. "Je n’avais jamais écrit de série de SF avant, et jamais depuis d'ailleurs. Mais j’étais très attiré par l’idée d’utiliser les extraterrestres et l’aliénation comme métaphore de l’adolescence. C’était aussi une histoire d’amour avec un énorme obstacle. C’est le rêve de tout écrivain : faire son Roméo et Juliette . Une histoire où les personnages ne peuvent pas vraiment être ensemble. Une fille qui tombe amoureuse d’un extraterrestre ? J’ai adoré ça et je trouve toujours que c'est un super concept."

Un concept que le producteur a failli vendre à l'époque pour la grosse chaîne nationale Fox. "C’était vraiment passé tout près... Nous pensions vraiment que ça allait le faire. Mais quand ils ont dit qu’ils allaient passer, quelqu’un a glissé notre série à la WB et quelques heures après, elle a commandé. Tout s’est passé très vite".

Roswell
Warner Bros.

Une chaîne pour les jeunes, qui avait plus de sens pour Roswell, puisque WB est la chaîne qui diffusait à l'époque Buffy contre les vampires et Dawson. Même si Katmis a souvent freiné des quatre fers pour éviter de produire du teen drama pur jus. "Je pense que nous avons essayé d’être courageux, ambitieux dans nos histoires. Nous avons essayé beaucoup de choses différentes. D’une certaine manière, c’était une série kitsch. Ces ados extraterrestres buvaient de la sauce Tabasco à la bouteille ! Mais il y avait aussi beaucoup de douleur dans la série. Il y avait des moments que je trouvais profondément émouvants et poignants."

L'extension forcée de la mythologie

L'essentiel de Roswell, dans la saison 1, tenait ainsi dans les révélations de Max, ses sentiments pour Liz et les conséquences de son secret pour ses proches. Katims préférait cette approche locale, intime, à l'échelle d'une petite ville, gardant à distance les implications galactiques de leurs origines des extraterrestres. Mais au fur et à mesure que la première saison se déroulait, une évolution massive semblait inévitable : "À un moment donné, quelqu’un m’a dit : 'Le patron de la chaîne a un message pour toi'. On ne parle pas directement avec le patron de la chaîne généralement, donc j’étais curieux de savoir ce qu'il voulait. Et son message disait : « Aliens, Aliens, Aliens ». En clair, les audiences de Roswell n'étaient pas dingues et WB insistait pour que Katims oriente l’histoire directement vers de la SF pure, les Aliens etc. pour relancer l'intérêt du public.

Roswell
Warner Bros.

"Au début, je l’ai fait à contrecœur, car j’avais ma propre idée de ce qu’était la série. D'ailleurs, dans la première saison, on est toujours en train de se demander ce que sera cette série au fond. On ne cesse jamais vraiment de chercher, surtout quand on fait un drama à la Dawson, mêlé à du X-Files. Mais on nous a dit qu’il fallait accepter les extraterrestres, et c’est ce que nous avons fait. Quand on regarde la série, en particulier les affiches de la saison 1 à la saison 3, on voit ainsi une évolution : la série s’intéressait moins à cette jeune fille humaine et à son histoire, et davantage à ce que vivaient ces trois extraterrestres sur Terre."

Roswell a alors été annulée en 2002, après trois saisons et 61 épisodes. Mais Warner Bros. Television a ressuscité le concept en 2018 sous le nom de Roswell, New Mexico. Un remake pur et dur, avec les mêmes personnages, mais s’éloignant du cadre du lycée. "Je ne l’ai pas regardé" dit Katmiss. "C’était étrange la façon dont tout cela s’est passé. Il y a eu un reboot qui ne faisait pas partie du même studio, et moi-même ni aucune des personnes qui ont fait notre série n’en faisions partie".