Une oeuvre étonnante, entre drame sordide, comédie loufoque et poésie fantastique, à découvrir ce soir, sur Arte.
Mariés à la ville, l'écrivain Etgar Keret et la scénariste Shira Geffen avaient déjà été récompensés ensemble par le prix de la Caméra d'or à Cannes, en 2007, pour Les Méduses. Les deux cinéastes israéliens se lancent sur le petit écran avec une mini-série française étonnante, L'Agent Immobilier, dont les quatre épisodes seront diffusés d'affilée ce soir sur Arte. Un conte farfelu, drôle et sinistre, porté par un Mathieu Amalric au top de son jeu.
L'histoire suit Olivier, agent immobilier à la dérive, divorcé, sans un rond, qui hérite d’un immeuble à l’abandon à la mort de sa mère. Un bâtiment en ruines, où vit une seule locataire, une vieille amie de sa mère...
Comme le disent Keret et Geffen, l'immeuble en question est une métaphore de ce que les êtres humains abîment au fil du temps. Parce ce qu'il est beaucoup question de symbolique dans cette mini-série à l'univers poétique un peu fou. Une comédie sociale empreinte d'une vraie noirceur, mais mâtinée d'un esprit facétieux appréciable. Un sens de l'humour acrimonieux, qui donne à L'Agent Immobilier sa touche si particulière. Jamais totalement dramatique, jamais vraiment hilarante, elle prend un plaisir manifeste à marcher sur un fil, à perdre le téléspectateur. Une fable quasi lynchienne, bourrée d'allégories sur la filiation, la figure paternelle, l'héritage.
Et pour porter cette fresque ambitieuse, Etgar Keret et Shira Geffen ont misé sur le talent burlesque de Mathieu Amalric. Ils avouent d'ailleurs avoir écrit le rôle d'Olivier sur mesure pour l'acteur aux trois César. Ils ont bien fait. Celui qui a déjà brillé dans la saison 5 du Bureau des Légendes ces dernières semaines est incroyable d'un bout à l'autre de la mini-série, donnant à cet Agent Immobilier toutes ses aspérités, son charme et cette délectable folie douce, qui rend la fiction inclassable.
Les quatre épisodes de L'Agent Immobilier sont disponible gratuitement et en replay sur le site arte.tv jusqu'au 5 juin.
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