Une petite bombe ! La nouvelle série Prime Video est un régal d'humour noir, une réjouissante aventure mad-maxienne et un impressionnant spectacle sanglant. Et voilà une nouvelle adaptation de jeux vidéo réussie.
"The Last of Us nous a battu pour prouver qu'on pouvait faire une bonne adaptation de jeu vidéo à la télévision !" Il y a comme un petit regret chez les créateurs de Fallout. Ils ne sont pas les premiers. Oui, avant eux, The Last of Us et HBO ont brisé un plafond de verre. Mais Fallout s'engouffre aujourd'hui dans la brèche avec un enthousiasme grisant. Une jubilation franchement communicative !
Alors qu'il n'a pu finir son Westworld, Jonathan Nolan tourne la page de fort belle manière avec cette version sérielle d'un jeu vidéo vieux de 30 ans, qui n'en finit plus de cartonner chez les gamers, qui ont eu le temps d'explorer une dizaine d'opus différents. C'est donc l'univers de Fallout tout entier que Nolan déploie sur Prime Video. Un monde où la guerre nucléaire a ravagé l'humanité. Un monde où la moitié du globe a été dévastée par un déluge de bombes, tombées il y a 200 ans. Le gouvernement américain avait prévu le coup, en créant de gigantesques abris antiatomiques, appelés "Vault", où quelques chanceux ont pu continuer à vivre sereinement... tandis que le chaos et la loi du plus cruel régnaient à la surface parmi les survivants. Lucy a ainsi grandi paisiblement dans le "Vault 33", sans imaginer les horreurs du monde extérieur. Elle va pourtant devoir s'y confronter. Tandis que son père a été enlevé, elle sort pour la première fois de son cocon et découvre une Amérique post-apo, ravagée et peuplée d'êtres impitoyables...
"A la fin des années 2000, quand on me demandait mon film préféré, je disais : Fallout !" Dans le dernier numéro de Première (n°550), Jonathan Nolan nous expliquait être un grand fan des jeux Fallout et de jeux vidéo en général. Pour lui, la narration vidéoludique a surpassé celle du cinéma, dans bien des domaines. Le résultat spectaculaire de cette adaptation ne va pas lui donner tort. La série Prime Video réinvente le genre post-apocalyptique, en adoptant une approche satirique jubilatoire, consciente de la fin des Temps, qui colle parfaitement avec l'esprit du jeu. Alors que The Last of Us avait réussi à capturer toute la mélancolie du chef d'œuvre de la Playstation, Fallout parvient à retranscrire admirablement la folie de l'univers imaginé par le développeur Todd Howard.
Plus encore, elle réussit à créer sa propre histoire dans cet univers. Car la série Prime Video ne reprend pas l'intrigue d'un Fallout 3, 4, ou 5. Tandis que The Last of Us "n'avait qu'à" suivre la trame de Joel et Ellie, les créateurs de Fallout ont dû inventer leur propre histoire, conservant le ton original, tout en évitant l'écueil de la révérence aseptisée.
Parce qu'il n'était pas question de faire une série destinée aux seuls gamers. Il fallait toucher un public plus large. L'adaptation se transforme ainsi en western post-apo SF absolument grisant. Époustouflant par moment, tant les décors "rétrofuturistes" dévastés sont impressionnants. La production a mis son gros budget à bon escient. Filmée en décors réels, entre la Namibie et les montagnes de l'Utah, Fallout assure le show avec une esthétique monumentale, gigantesque, qui s'invite jusque dans les combats sanglants. Dans ce monde ravagé par l'ère atomique, la brutalité est partout et la violence comiquement exagérée, par le biais d'une mise en scène quasi-burlesque, totalement assumée.
Le Ghoul, chasseur de primes sans nez, immortel et irradié (incarné par un Walton Goggins habité), accompagne ainsi la jeune Lucy (Ella Purnell) dans une mission lunaire où il s'agit de retrouver une tête coupée... Fallout est un divertissement SF total, qui ne se prend jamais totalement au sérieux sans pour autant perdre de vue la narration tellement riche des jeux vidéo. Là est la recette du succès selon Jonathan Nolan : "Les premières adaptations de jeux vidéo, comme Super Mario en 1993, approchaient la chose de manière cynique. C'était une époque où les réalisateurs ne connaissaient rien aux jeux vidéo, ils ne jouaient pas du tout et ils s'en foutaient complètement. Ils ne comprenaient pas que le truc le plus important, c'est la narration elle-même." Craig Mazin adorait jouer à The Last of Us avant d'imaginer en faire une série. Nolan est un afficionados des jeux Fallout et sa passion transpire de sa série. L'ère des séries de jeux vidéo vient peut-être de débuter.
Fallout, saison 1 en 8 épisodes, à voir sur Prime Video en intégralité dès le jeudi 11 avril (à 3h du matin en France).
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