Des Simpson à Scandal, en passant par Veep, le monde du petit écran emploie les grands moyens, pour faire barrage au candidat Républicain.
Dimanche dernier, le tout Hollywood des séries était réuni à Los Angeles, pour célébrer les Emmy Awards. Et au bout de 5 minutes, il était déjà question de Donald Trump. L'atypique candidat républicain pour la prochaine présidentielle était visiblement dans toutes les têtes, et surtout celle de l'animateur Jimmy Kimmel, qui a largement taclé le milliardaire : "À cause de la télévision, Donald Trump est en lice pour la Maison-Blanche. Sans elle, il serait encore chez lui en train de se frotter à sa femme "Malaria" pendant qu'elle fait semblant de dormir !"
Car oui, la télévision a grandement contribué à rendre Trump populaire depuis trois décennies. Que ce soit pour son job de présentateur de l'émission Celebrity Apprentice, ou pour ses apparitions dans de gentilles sitcoms comme Le Prince de Bel-Air, Spin-City, Une Nounou d'enfer et même... Sabrina l'apprenti sorcière ! Mais aujourd'hui, la télévision veut se rattraper. Car Hollywood a beaucoup de mal à digérer la nomination de Donald Trump chez les Républicains.
Le mouvement populiste et protectionniste sur lequel il s'appuie et qu'il nourrit chaque jour un peu plus, inquiète grandement les acteurs, producteurs et scénaristes du petit écran, nettement plus progressistes. Depuis la fin de l'été, beaucoup essayent ainsi de convaincre l'Américain moyen encore indécis.
ET VOILÀ COMMENT HOMER EST DEVENU DÉMOCRATE
Et quel est justement l'Américain moyen le plus célèbre de la télé US ? Homer Simpson, évidemment. Dans un clip sans équivoque, diffusé dès le mois d'août, la série animée a appelé à voter pour Hillary Clinton, par la voix de la raison, celle de Marge : "Voilà, maintenant, je sais pour qui voter. Et toi aussi Homer !", lance-t-elle à son imbécile de mari, qui annonce alors face caméra que, pour empêcher Trump de passer, il est prêt à devenir Démocrate. La vidéo a déjà été visionnée plus de 8 millions de fois.
Peu de temps après, le premier épisode de la vingtième saison de South Park était aussi largement centré sur les élections. De manière un peu plus détournée, et sans épargner la candidate démocrate au passage, Trey Parker et Matt Stone ont tout de même clairement pointé du doigt la supposée incompétence de Donald Trump. Sans jamais le montrer, il ont placé l'improbable Mr Garrison dans la peau du champion républicain. Peau ultra-cuivrée par les UV et programme politique proche du néant, Garrison se retrouve à deux doigts du bureau ovale, un peu par hasard, avec sa colistière... Caitlin Jenner : "Mais qu'est-ce qu'on va faire si on est élu ? Je n'ai pas le moindre plan ! On est sur le point d'être élu à la Maison-Blanche, et on n'a pas la moindre putain d'idée de ce qu'on va y faire !"
Oui, la peur gagne peu à peu le monde des séries. Et ce n'est pas Charlie Brooker qui dira le contraire : "Je trouve tout ça terrifiant, parce que je pense que Trump va gagner !", a récemment lancé le créateur de la série Black Mirror au Daily Beast, en marge du Festival international du film de Toronto. "Je me dois d'imaginer qu'il a déjà gagné et toutes les choses horribles qu'il veut faire... Je me demande encore si je dois construire un bunker ou non", a-t-il conclu avec un certain sens de l'humour.
LEUR PROPRE SÉRIE EN GAGE DE RÉFÉRENCE
Moins excessives, d'autres stars du petit écran tentent de faire passer leur message, en reprenant les codes de leur propre série. Un moyen de toucher directement les millions de téléspectateurs qui les suivent à longueur d'année. Kerry Washington se prend donc tout simplement pour Olivia Pope, son personnage de Scandal, experte en relation publique et en communication politique, analysant le travail de la directrice de campagne de Donald Trump (Kellyanne Conway) et le rôle de sa fille Ivanka : "(Grâce à ma série), je sais reconnaître un spin doctor quand j'en vois un !", a-t-elle lancé pleine d'assurance, dans le talk show de Bill Maher. "Ces deux femmes sont devenues des atouts influents majeur pour le candidat. Je pense qu'il est important de ne pas se laisser distraire par ces très intelligentes, très malines et très belles femmes, qui travaillent dans la campagne de Trump. Elles sont beaucoup plus intelligentes que le candidat ! Ne nous laissons pas influencer par elles."
De son côté, David Mandel, showrunner de la comédie de l'année, Veep, explique en marge des Emmys (cité par Variety), ne plus avoir envie de rire, en voyant "l'horrible niveau du discours de sa campagne". Si la Présidente de sa sitcom, la géniale Selina Meyer, est déjà bien gratinée, il assure qu'il y a des jours "où les choses auxquelles nous pensons ont l'air bien pâles en comparaison de ce fou, qui menace Hillary Clinton (...) Si j'avais écrit ça, j'aurais été viré par HBO !". Il poursuit en s'agaçant : "Pour nous, il devient plus difficile de faire de la comédie. Il y a beaucoup de gens qui ne veulent plus rire avec ça !"
TOUT LE MONDE S'Y MET
Quelques heures plus tard, le symbole était encore plus fort : les anciens membres du casting de la très prestigieuse série À la maison blanche (The West Wing) se sont réunis dans l'Ohio, pour apporter publiquement leur soutien à Hillary Clinton. Richard Schiff (Toby), Allison Janney (CJ), Bradley Whitford (Josh), Dulé Hill (Charlie), Joshua Malina (Will), et Mary McCormack (Kate) ont emboîté le pas de leur ancien patron, le scénariste Aaron Sorkin, qui clamait il y a peu : "Je pense que nous sommes dans une situation très dangereuse. Il ne connaît rien à rien. Même si vous n’êtes pas en accord avec toutes les idées d’Hillary Clinton, au moins, c’est une personne réfléchie et sobre".
Et puis cette semaine, la campagne anti-trump du petit écran s'est accélérée. Joss Whedon a mis en ligne une vidéo "All Stars", réunissant, en plus des Avengers, une pluie de vedettes de la télé US : Nathan Fillion (Castle), Clark Gregg (Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D.), Jesse Williams (Grey’s Anatomy), James Franco (11.22.63), Neil Patrick Harris et Cobie Smulders (How I Met Your Mother), Taran Killam (Saturday Night Live), Yvette Nicole Brown (The Odd Couple), Tom Lenk (Buffy, Bradley Whitford (Transparent), Keegan-Michael Key (Key & Peele), Matt McGorry (How to Get Away With Murder), Randall Park (Fresh Off the Boat), Ashley Johnson (Blindspot), Stanley Tucci (Fortitude), Leslie Odom Jr. (Smash), Don Cheadle (House of Lies) et Martin Sheen (Grace and Frankie). Rien que ça.
Tous parlent d'une seule voix pour faire barrage à Donald Trump. Reste à savoir si ces leaders d'opinion peuvent vraiment peser sur le scrutin. Réponse en novembre prochain, pour l'épisode final de la 58e saison des élections américaines 2016.
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