Transatlantique
Netflix

De retour sur Netflix avec une nouvelle série événement, portée par Gillian Jacobs, Anna Winger et son actrice nous racontent les coulisses d'une production pas comme les autres, filmée en France, à Marseille.

Scénariste américaine d'origine juive allemande, Anna Winger est une créatrice très internationale. Et ses séries sont à son image. Après la saga Deutschland 83, qui nous plongeait dans la RDA en pleine guerre froide, après Unorthodox et son incroyable chronique d'une communauté ultra-orthodoxe à New York, elle pose aujourd'hui ses valises en France. Plus précisément du côté de Marseille, pour nous raconter une page méconnue de la Seconde Guerre Mondiale, avec Transatlantique.

"C'est curieux de constater que les Français ne connaissent pas vraiment cette histoire", nous confie Anna Winger, que Première a pu rencontrer durant le Festival Séries Mania, à Lille. Elle raconte :

"Il y a une rue, là où je vis, à Berlin, qui s'appelle la rue Varian Fry. Il y a une dizaine d'années, mon père et moi, on se promenait du côté de Potsdamer Platz, juste à côté, et il m'a demandé : 'Tu sais qui est 'Varian Fry ?' Parce qu'il connaissait des gens que Fry avait aidé à l'époque. Alors pendant que je préparais Unorthodox, j'ai commencé à faire des recherches sur ce sujet. Et puis l'Allemagne a commencé à accueillir plein de réfugiés. C'était devenu toute une expérience à Berlin. On faisait tous plus ou moins du bénévolat dans des camps, des enfants de réfugiés sont arrivés en classe avec mes filles. C'était une période où on parlait beaucoup de ça en Allemagne. Et moi, sachant que ma famille avait elle aussi quitté l'Allemagne dans les années 1930 pour devenir des réfugiés en Amérique, je trouvais qu'il y avait quelque chose d'un cycle de la vie assez touchant. Cela m'a donné envie de revisiter l'histoire de Varian Fry..."

Transatlantique
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Cette histoire, justement, c'est celle d'un journaliste américain, associé au Comité de secours d'urgence monté par les États-Unis en 1940, dans la foulée de la défaite française et des premiers jours de l'Occupation. Prête à aider de loin, mais désireuse de rester neutre, l'Amérique ne veut pas, officiellement, recueillir les réfugiés harcelés par les Nazis. Alors avec l'aide de quelques résistants, et alors que la police locale obéissait au régime de Vichy, Fry a monté un réseau pour exfiltrer des milliers de réfugiés, dont certains artistes de renom comme Max Ernst, André Breton ou Marc Chagall...

Dans cet incroyable moment d'Histoire, Gillian Jacobs incarne Mary Jayne Gold, riche héritière de Chicago, bouleversée par le malheur de ces migrants affluant chaque jour plus nombreux dans la cité phocéenne : "Moi non plus je ne connaissais pas du tout Varian Fry, ni Mary Jayne Gold. Leur histoire n'est pas tellement plus connue aux USA qu'en France à vrai dire", nous avoue Gillian Jacobs. "J'ai tout découvert dans le script. Mais pouvoir expérimenter le tournage dans les vrais endroits, à Marseille, c'était incroyable. On a passé 5 mois là-bas, on a pu tourner dans les véritables lieux de l'époque, comme l'Hôtel Splendide, qui est devenu un bâtiment administratif aujourd'hui et qu'on a pu utiliser, redécorer comme dans les années 1940, pour les besoins de notre production. En tant qu'actrice, c'est une expérience assez grisante."

Transatlantique
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La force de Transatlantique repose en effet en grande partie sur sa reconstitution minutieuse du Marseille de la Seconde Guerre Mondiale, encore en zone libre, mais pas tout à fait affranchie de la terreur allemande. Pour Anna Winger, il était ainsi crucial de pouvoir installer la production sur la Cannebière : "La ville s'est ouverte à nous, c'était vraiment super. On a pu filmer partout, comme au Vieux Port ou au Fort Saint-Nicolas. Il y avait cette lumière, la mer, ces décors... On a vraiment essayé de tirer le meilleur parti de ces paysages. Je crois qu'il était crucial qu'on ressente le même feeling que nos personnages à l'époque, en revenant dans les décors réels. C'est un sentiment qu'on n'aurait pas pu avoir en tournant tout ça dans des studios... En revanche, la Villa Air-Bel, a été détruite depuis, alors on a filmé dans une autre Villa, juste à côté. Une demeure incroyable, qui était restée dans son jus depuis les années 1940. Il y avait même les toilettes à l'extérieur, c'était parfait pour nous", sourit la créatrice.

Car cette Villa tient une place centrale dans le récit de Transatlantique. C'est là, dans cette immense mas provençal, à l'écart de Marseille, que Varian Fry logeait les grands artistes d'origines juives, en attente d'exfiltration vers l'Amérique. A la Villa Air-Bel, de grandes toiles ont été peintes et de superbes poèmes écrits. Une universalité qu'Anna Winger a eu envie d'insuffler dans sa série: 

"Transatlantique, c'est une histoire très positive, où des gens d'horizons et de cultures différentes, issus de régions du monde différentes, se sont rassemblés pour faire quelque chose de bien. C'est une histoire avec des gens ordinaires qui font des choses extraordinaires. Ils ne sont pas très bons d'ailleurs. Ils n'ont pas l'entraînement nécessaire. Ils font juste ce qu'ils peuvent et c'est ça qui rend l'histoire aussi spéciale. Mais au-delà des actes héroïques, c'est aussi une histoire de créativité et de joie, autour de ces artistes réunis dans cette Villa Air-Bel. C'est, du coup, une sorte de "backstory" derrière le monde artistique qui fleurira en Amérique à la moitié du XXe Siècle. Toute cette immigration a eu un impact très positif après la guerre aux Etats-Unis. C'est un moyen de dire qu'il ne faut pas avoir peur de l'immigration, que ça peut aussi être un atout pour un pays."

Gillian Jacobs se souvient ainsi être allée voir, à Marseille, les œuvres d'art créées par ces artistes durant leur période à la Villa Air-Bel. "C'était assez époustouflant et surtout, ça a rendu toute cette histoire très vraie, très concrète, pour moi. C'est une chose de lire des choses, mais c'en est une autre de pouvoir observer l'Histoire, de manière tangible." L'actrice de Community et Love confie avoir rêvé longtemps d'un rôle comme celui de Mary Jayne Gold : "J'ai grandi en regardant des films des années 1930 et 1940. J'étais obsédée par les films avec Kathryn Hepburn, Claudette Colbert, par Casablanca et tous ces films-là. J'étais quelque peu en décalage avec mes copains de classe (rires). J'ai eu la chance d'avoir des rôles formidables dans ma carrière, mais jamais quelque chose d'historique comme ça. C'est le genre de rôle que je fantasmais plus jeune."



Reste à savoir si Transatlantique aura le même retentissement que la précédente création d'Anna Winger, qui avoue être "toujours stupéfaite" par le succès mondial d'Unorthodox : "C'est fou de voir à quel point le public a réagi positivement à cette série. Tout était décuplé par le confinement à l'époque. Shira Haas était bloquée en Israël. Toutes les avant-premières étaient annulées. On devait être présenté à Séries Mania, et puis tout a été stoppé. On se demandait même comment on allait pouvoir faire la promo... Alors ce fut une expérience incroyable de constater l'ampleur prise par Unrothodox auprès des gens. Mais moi, déjà, à cette époque, je savais déjà je voulais faire cette série sur Varian Fry. J'avais déjà la tête à Transatlantique..."

Transatlantique, en 7 épisodes, à voir sur Netflix à partir du vendredi 7 avril.

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