Deux affaires de viol sont en cours d’investigation à New York et à Londres.
Depuis que l’affaire Weinstein a éclaté, de nombreuses actrices apportent leur témoignage : Ashley Judd, Asia Argento, Rose McGowan, Emma De Caunes, Rosanna Arquette, Kate Beckinsale, Léa Seydoux, Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie... Entre les années 1990 et aujourd’hui, le producteur Harvey Weinstein est accusé d’avoir agressé sexuellement des dizaines de femmes. Principalement de jeunes actrices, mais aussi des employées de sa société. Quatre parlent ouvertement de viols.
Affaire Weinstein : Emma De Caunes, Gwyneth Paltrow et Angelina Jolie témoignent
Les premières enquêtes officielles commencent à s’ouvrir. La police new yorkaise cherche ainsi à recueillir des éléments concernant Lucia Evans, une actrice qui accuse Harvey Weinstein de l’avoir forcée à lui faire une fellation en 2004 dans l'article du New Yorker, l'une des sources principales concernant ce scandale. A Londres, l’enquête concerne l’agression sexuelle d’une femme dont l’identité n’a pas été révélée, mais qui remonte aux années 1980, soit avant la plupart des autres abus. Les faits seront-ils prescrits ?
D’autres opérations policières de ce type devraient être lancées ces prochains jours. A Los Angeles, où vit le producteur hollywoodien, la police assure qu’aucune enquête n’a jamais été ouverte sur Harvey Weinstein, car personne n’a porté plainte contre lui. Maintenant que les langues se délient, cela risque de changer, mais là aussi, des agressions seront sans doute trop anciennes pour être jugées. Sans compter que certaines victimes ne pourront pas porter plainte après avoir signé des accords de confidentialité avec leur agresseur contre une certaine somme d’argent. C’est le cas de Rose McGowan, qui ne peut parler ouvertement de son viol, survenu en 1997, car elle a été payée 100 000 dollars à l’époque pour se taire.
Harvey Weinstein prépare sa défense
Très influent à Hollywood avant que l’affaire n’éclate, Harvey Weinstein s’est entouré d’une équipe d’avocats renommés pour le défendre au cours des futurs procès. Il a notamment engagé Blair Berk, une ténor du barreau de Los Angeles qui est connue pour avoir défendu les stars hollywoodiennes Mel Gibson et Lindsay Lohan.
Harvey Weinstein a-t-il profité de la complicité de ses proches et de ses employés pour cacher ses méfaits ? La question devrait se poser prochainement, tant l’affaire prend de l’ampleur. Le New York Times assure que les responsables de la Weinstein Company étaient tous au courant, et souligne que la signature de contrats de confidentialité par plusieurs victimes permettra de le prouver.
Une plainte classée en 2015
A New York, une plainte a déjà été déposée contre Harvey Weinstein, mais elle a été rapidement étouffée, comme le rappelle le New Yorker. En 2015, l’actrice italienne Ambra Battilana Gutierrez a accusé le producteur d’avoir essayé de la caresser lors d’une rencontre professionnelle. Quand elle a contacté la police, les officiers lui ont demandé d’accepter un deuxième rendez-vous avec lui, équipée d’un micro, afin d’enregistrer ses propos. Elle a accepté, et les enquêteurs ont alors obtenu des aveux de l’agresseur, qui fait de nouvelles avances à la comédienne, admet avoir "tripoté" l’actrice tout en laissant entendre qu’il fait ça "régulièrement". Un extrait de l’enregistrement, glaçant, a été mis en ligne par le journal :
Weinstein, in conversation with Gutierrez, admits to groping her. Here’s the audio: https://t.co/zSQbK5NV0c pic.twitter.com/vmrrSUp43w
— The New Yorker (@NewYorker) 10 octobre 2017
Les policiers espéraient alors pouvoir arrêter Harvey Weinstein, mais le producteur a usé de son influence pour faire étouffer l’affaire. Un enquêteur explique que le procureur de Manhattan, Cyrus Vance (connu par ailleurs pour avoir inculpé Dominique Strauss-Kahn en 2011 avant d’abandonner les poursuites), a jugé qu’il n’y avait "pas assez de preuves" pour véritablement lancer une procédure. La parole d’Ambra Battilana Gutierrez a également été remise en doute par le procureur, car des dossiers sur sa jeunesse ont refait surface dans des tabloïds pile à cette période : quelques années avant les faits, elle avait participé à des soirées "bunga bunga" en Italie et déjà accusé un businessman d’agression sexuelle, avant de se rétracter.
Plusieurs articles américains avancent que l’avocat du producteur aurait "offert" 10 000 dollars au procureur à cette période, puis qu’Ambra Battilana Gutierrez aurait elle-même été payée pour se taire.
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