Un article de Variety intitulé « Pacific Rim est-il maudit à cause de Battleship ? » affole la presse américaine. Fondé sur des prédictions concernant les premiers week-ends du box-office américain, il part du principe que le blockbuster de Guillermo Del Toro effectuera à sa sortie un moins bon démarrage que Copains pour Toujours 2, qui sort le même jour et est porté par Adam Sandler. Les statistiques annoncent environ 30 millions de dollars pour l'énorme projet de Del Toro le 12 juillet prochain, contre 40 pour la suite. Comment est-il possible qu'un film de cette ampleur démarre en dessous d'une comédie potache ? Ces estimations annoncent-elles véritablement l'échec de Pacific Rim ? Voici quelques pistes, accompagnées de la réponse du principal intéressé : le réalisateur du film de robots 2.0 a immédiatement réagi à ces prévisions catastrophiques.Par Elodie Bardinet (@Eb_prem)Un film de robots ou de Kaijus ?Le principal point faible de Pacific Rim, c'est que personne ne sait exactement de quoi il s'agit. Présenté comme un film de Kaijus (les célèbres monstres japonais à la Godzilla, qui représentent la Nature reprenant ses droits sur l'homme et ses progrès technologiques), le projet est paradoxalement trop souvent illustré par des images de robots. Serait-ce en fait davantage un film de Mecha (dont les héros pilotent des robots, comme Goldorak ou Evangelion) et non de Kaijus ? Mechas, Kaijus... Des termes très geeks, obscurs pour 99,9 % du public. Un autre problème, c'est qu'à force de mettre en avant des robots géants, le film a vite été comparé à Transformers. Ce qui énerve passablement le metteur en scène, qui insiste sur les différences entre les deux univers. Pour lui, Pacific Rim n'a rien à voir avec la saga de Michael Bay. C'est une production originale, qui ne s'inspire pas de jouets ou de dessins animés existants (et qui n'est pas non plus destiné à vendre des figurines au plus grand nombre, à bon entendeur...). Son contenu sera à la fois spectaculaire et profond, promet del Toro, qui insiste sur l'aspect apocalyptique de son intrigue.Voici un exemple de vidéo présentant Pacific Rim comme l'antithèse de Transformers : Un blockbuster sans starC'est triste à dire, mais il y a une certaine logique à ce que Copains pour toujours 2, malgré les mauvaises critiques reçues par le premier volet, soit potentiellement plus attractif que Pacific Rim : en étant un film 100% original, ce dernier n'a pas de fanbase à proprement parler. Contrairement aux adaptations de best-sellers ou de comics, et surtout aux suites, il n'est pas attendu par des spectateurs qui sont familiers de son univers.Autre gros bémol du point de vue des producteurs hollywoodiens : le blockbuster n'est pas porté par des stars internationales. Idris Elba, Charlie Hunnam, ou encore Ron Perlman sont des acteurs appréciés, mais ce ne sont pas d'énormes stars. Le premier, révélé au grand public par la série The Wire (puis confirmé par Luther) cumule les seconds rôles marquants. Le deuxième vient également du petit écran, via les séries Queer as folk et Sons of anarchy (où il donne la réplique à Perlman, d'ailleurs). En parlant de Ron : c'est le plus connu de la bande, mais sans doute l'acteur qu'on verra le moins à l'écran (il jouera un trafiquant d'organes de monstres). De plus, le public l'a surtout associé au rôle d'Hellboy, pour lequel il est particulièrement grimé.Une promotion innovantePeut-on pour autant annoncer que Pacific Rim fera un flop ? La Warner Bros, qui distribue le film et en produit une partie (Legendary Pictures à financé environ 75% du budget estimé entre 180 et 200 millions de dollars), n'a dépensé pour l'instant que 30% de son enveloppe dédiée à la promotion du film, affirme Variety. Le studio avait deux autres gros films à faire connaitre avant cet été : Man of Steel et Very Bad Trip 3. Soit le dernier volet d'une saga à succès et le reboot d'une adaptation de comics connus partout sur la planète : Superman.Selon la source, la stratégie de la Warner serait de capitaliser sur la fin de la promotion. Les spectateurs ne savent pas trop à quoi s'attendre avec Pacific Rim ? Qu'à cela ne tienne, ils auront droit à un maximum d'infos en fin de parcours. En misant sur les quinze jours qui précèdent la sortie, la firme espère que le public ne sera pas lassé et qu'il aura envie de découvrir le résultat sur grand écran. Alors plutôt que de multiplier les bandes-annonces, les teasers et les spots télé, l'équipe garde le meilleur pour la fin. Si jusqu'ici on a découvert quelques trailers impressionnants, la production ne veut pas trop en montrer, pour que le public en ait plein la vue devant les écrans.Voilà pourquoi la promotion commence seulement à s'intensifier. Une soixantaine d'images de Pacific Rim ont été mises en ligne la semaine dernière. Elles plongent les spectateurs dans un univers de science-fiction tout en se gardant bien de trop montrer les monstres. L'équipe s'adresse aussi aux gamers en multipliant depuis le début les références aux jeux-vidéo de manière très ludique (voix de GlaDos du jeu vidéo Portal dans un trailer, character posters inspirés des fiches de caractéristiques des héros de jeux...). Autre atout majeur : les premières projections tests du film ont été un vrai succès. Les curieux qui ont découvert le résultat avant tout le monde ont adoré, et leurs réactions ont fait le tour des réseaux sociaux.La réponse de Guillermo del ToroEt si Variety se trompait ? Et si Pacific Rim parvenait à dépasser ces pronostics négatifs ? Le réalisateur tient en tout cas à calmer le jeu. Ce week-end, voici ce qu'il a posté sur le forum de son site officiel, Deltorofilms.com : « Pas de panique. On doit juste continuer ce qu'on a entrepris. Ces prévisions sont en train de grimper. De manière importante, en plus. Nous sommes sur la bonne voie », rassure le Mexicain. « Quoi qu'il arrive, une suite sera plus connue qu'un premier volet, c'est logique. Ces chiffres ne sont pas étonnants, mais on tient le bon bout. »Notons que si Pacific Rim n'a pas de fanbase, son réalisateur du Labyrinthe de Pan peut compter sur les spectateurs qui le suivent depuis des années. Ce blockbuster est un énorme enjeu pour lui. Jusqu'ici, il avait tourné des films plus personnels, puis les Hellboy, mais ces deux blockbusters n'avaient pas un budget aussi conséquent que celui de Pacific Rim. Enfin, en s'inspirant des films d'action japonais, Guillermo del Toro mise sur le public asiatique, dont les goûts comptent de plus en plus à Hollywood. Bien marketé, son film a des chances de cartonner en Chine, au Japon (la présence d'acteurs extrême-orientaux comme Rinko Kikuchi est un plus), et même s'il ne bat pas de record lors de son démarrage américain, il pourrait bien être un vrai succès à l'étranger.Pacific Rim sera sur les écrans le 17 juillet en France, cinq jours après sa sortie aux Etats-Unis. Bande-annonce :
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Pacific Rim sera-t-il un échec ? « Pas de panique », répond Guillermo Del Toro
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