Le réalisateur fait beaucoup de clins d'oeil à Disney, mais aussi à sa propre filmo (Roger Rabbit) ou à celle de son Geppetto, Tom Hanks.
Sortie hier sur Disney+, l'adaptation du dessin animé Pinocchio de 1940 par Robert Zemeckis (Retour vers le futur, Forrest Gump) reçoit des critiques mitigées. Plus enfantin que son modèle, ce remake en live est destiné à un public familial et modernise plusieurs détails de l'histoire pour s'adresser aux enfants d'aujourd'hui, mais n'est paradoxalement jamais aussi fort, ni bluffant visuellement, que le film culte sorti il y a 82 ans. Surtout, le cinéaste qui a toujours été précurseur en matière d'effets-spéciaux, pour le meilleur (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, Bienvenue à Marwenn) comme pour le pire (Bewulf, le Pôle Express), propose ici des CGI trop inégaux pour convaincre : si Pinocchio ou Jiminy Cricket sont parfaitement animés, on ne peut pas en dire autant du chat Figaro, dont les mouvements et l'apparence s'inspirent de véritables félins, ce qui le fait sombrer dans l'"uncanny valley".
Pinocchio, en live sur Disney+ : sans aucun lien, ce serait peut-être très bien ? [critique]Cette nouvelle version fait aussi du bruit pour toutes ses blagues et "easter eggs" ajoutés au cours de l'intrigue. Dès le début, la scène des horloges est remplie de clins d'oeils à des films et personnages cultes du studio : on y voit Donald, puis Woody de Toy Story, Maléfique, Dumbo, Le Roi Lion, Blanche-Neige... La référence au Pixar est clairement liée à la carrière de Tom Hanks, qui joue Geppetto dans cette version live, et double le cowboy ami de Buzz l'Eclair depuis 1995. On y voit aussi Jessica Rabbit embrassant son lapin préféré, un clin d'oeil plus qu'évident à la propre filmographie du cinéaste. Plus tard dans le film apparaissent aussi une horloge en forme de lune transpercée dans l'oeil par un caillou, référence au célèbre film de George Méliès, et il y a aussi une blague sur Chris Pine, quand Grand Coquin cherche un nouveau nom de scène à Pinocchio. Enfin, au moment où celui-ci passe derrière le bocal du poisson Cléo, son visage se déforme et l'on entrevoit un instant les traits de Polochon.
Cela représente effectivement pas mal de clins d'oeil, mais peut-on vraiment parler d'"easter eggs" quand ils sont à ce point si peu cachés ? La séquence des horloges, surtout, qui survient en deux temps, est pas mal critiquée depuis hier pour son abondance de citations. "Cela pourrait être la scène la plus flatteusement forcée envers un studio de l'histoire", commente ainsi un internaute en la partageant sur Twitter.
this might be the most blatant and forced corporate flattery-session in history pic.twitter.com/wB0ACWMVF6
— Houston Coley (@blockbustedpod) September 8, 2022
Mais pourrait-on également y voir une critique de la part de Zemeckis, qui se montrait jusqu'ici allergique aux remakes (il refuse que Retour vers le futur soit relancé ou que Roger Rabbit ait une suite, justement) ? Quasiment tous les personnages qui apparaissent lors de cette séquence sont au coeur de remakes en live action de classiques animés : La Belle au Bois Dormant, Le Roi Lion et Dumbo ont tous eu le droit à ce même traitement récemment de la part de Disney. Pour La Petite Sirène et Blanche-Neige, c'est en cours de production. Choisir la fameuse séquence des horloges pour y "caser" tous ces clins d'oeil paraît difficilement anodin : toutes les horloges se déclenchent en même temps, leurs sons répétitifs finissant par créer un brouhaha assourdissant. Et si c'était une manière de souligner le trop plein de ce type de productions, qui refont (et donc se répètent), souvent en moins bien, des classiques de l'animation ? Mettre Roger Rabbit en plein milieu n'est peut-être pas non plus une coïncidence, tant le film de 1988 jouait de façon maligne avec l'industrie de l'animation. Pas seulement avec les productions de Disney, d'ailleurs, même si la firme aux grandes oreilles y était ouvertement citée (Roger Rabbit était d'ailleurs produit par Buena Vista Pictures, une filiale du studio). On y voyait par exemple apparaître l'éléphant volant ou... Pinocchio. La boucle est bouclée ?
Pinocchio (le dessin animé) est visible sur Première Max
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