Taron Egerton, Sofia Lebedeva et Nikita Efremov dans Tetris
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Quelque part entre The Big Short et The Social Network, un thriller guerre froide amusant qui revient sur les origines de la création du jeu le plus addictif du monde par un jeune informaticien soviétique. Une bonne surprise.

Les pièces en forme de T, de Z ou de L tombent lentement du haut de l’écran et disparaissent en formant une ligne horizontale. La musique accélère jusqu’à devenir infernale (« Tin tin- tintin tontonton tintintin tontonton tintintin ti tin ton ton... »). Qui n’a pas rêvé de Tetris ? Qui n’a jamais arpenté les rues, obsédé par « l’effet Tetris »? À Hollywood en tout cas, cela fait dix ans que les studios sont obnubilés par les petites briques et un projet d’adaptation cinéma traîne depuis longtemps... Mais comment raconter une histoire alors qu’il n’est question que de formes et de couleurs ?

En dix ans, le scénario est de fait passé par toutes les phases (un space opera, un actioner épique) jusqu’à ce que Matthew Vaughn mette la main sur les droits. Pour tout changer. Son idée, à des années-lumière des pro- jets imaginés, était de raconter les coulisses de la création du jeu : épique, certes, mais beaucoup moins SF que prévu.

Taron Egerton et Nikita Efremov dans Tetris
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Course à la licence

Le 6 juin 1984, Alexey Pajitnov, informaticien soviétique de 29 ans, dévoile sa création qui fascine son entourage et va être immédiatement distribuée dans tout le bloc de l’Est. De l’autre côté du rideau de fer, les géants du jeu vidéo se lancent dans une course folle pour acquérir la licence d’exploitation. La suite ? Une histoire de fax, de voyages à Moscou, de confrontations entre des huiles du KGB et des businessmen opportunistes, pour finir par une symphonie de négociations que n’aurait pas reniée John Le Carré.

Au centre de ce ballet de compromissions, un game designer un peu naïf va se retrouver lâché dans ce jeu de quilles. C’est lui le héros : Henk Rogers (joué par Taron Egerton), et non Pajitnov. La manière dont cet humble concepteur se transforme en James Bond, comment ce jeune geek devient un vrai lion, représente une bonne partie de l’intérêt du film.

Entre le thriller d’espionnage, l’origin story industrielle (façon Social Network) et le pamphlet anticapitaliste (ça lorgne vers The Big Short), Tetris est une drôle d’histoire qui met en scène les coulisses de l’invasion et, sous couvert d’un solide film de guerre froide (avec poursuites en Volga et filatures improbables), raconte aussi comment la pop culture mondiale fantasmait à l’époque l’Union soviétique.


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