Guide du 18 décembre 2019
The Walt Disney Company France / Ad vitam / Universal Pictures International France

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

STAR WARS : L’ASCENSION DE SKYWALKER ★★★☆☆
De J.J. Abrams

 

L’essentiel
Bon alors, que vaut l’Episode 9 de Star Wars ?

Comment réussir un bon Star Wars ? Peut-être en s’accordant sur la musique. En restant sur l’explosion de cuivres du thème principal qui accompagne le titre fuyant vers l’espace, promettant la plus belle et la plus inouïe des aventures. Justement, lorsque L’Ascension de Skywalker reste accordé sur les notes de John Williams et s’envisage comme un divertissement le plus pur possible, pas de problème. En matière de divertissement, pas de souci, le maître J.J. Abrams est aux commandes. On file à vitesse-lumière d’une péripétie à une autre, d’un MacGuffin à un autre, sous le feu nourri des salves de tous les fusils de Tchekov possibles et inimaginables..
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIMÉ

NOTRE DAME ★★★☆☆
De Valérie Donzelli

Il arrive que la réalité vienne violemment télescoper la fiction. Le 18 avril, en plein montage de Notre dame, Valérie Donzelli voit... Notre-Dame, le cœur de son cinquième long, prendre feu. Une tragédie qui modifie forcément notre relation à ce film, comme l’imminence d’un moment qui n’existera plus. Ce sentiment de nostalgie immédiate rajoute une couche de singularité à un film qui n’en manque pas.
Thierry Cheze

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THE LIGHTHOUSE ★★★☆☆
De Robert Eggers

Tout commence par la sirène lancinante d’un bateau au loin. Une île isolée, un phare gigantesque, deux marins, un d’eau douce et un loup de mer, une météo pourrie. Puis tout vole en éclats : de l’alcool frelaté à foison, de la danse, des hurlements, une sirène monstrueuse comme obscur objet du désir, une mouette massacrée contre un rocher... Pas mal de violence, un peu de masturbation et beaucoup de visions cauchemardesques.
François Rieux

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APRÈS LA NUIT ★★★☆☆
De Marius Olteanu

C’est une symphonie en trois actes. Une femme, un homme, un couple. Une femme qui demande à un chauffeur de taxi de tourner toute une nuit devant son immeuble pour fuir ce qui l’attend. Un homme qui passe cette même nuit chez un amant rencontré via une appli de drague. Et un couple, le leur, à la croisée des chemins après dix années gangrenées par la chape de plomb d’une société roumaine poussant à refouler tout ce qui est hors des normes : le rejet de la maternité et la bisexualité en tête. Sur une thématique classique, ce premier long grinçant offre une variation passionnante portée par un remarquable travail formel, tant sur l’image (les deux premières parties en format 1:1 traduisent l’isolement étouffant de ces deux individualités, et la dernière en classique 1:85 pour leurs retrouvailles dans un cadre soudain élargi car laissant place au dialogue) que sur le son.
Thierry Cheze

AU CŒUR DU MONDE 
★★★☆☆
De Gabriel & Maurilio Martins

« Au cœur du monde est l’un des meilleurs films de la “nouvelle vague” brésilienne », ainsi s’exprime Kleber Mendonça Filho (Bacurau) au sujet de ce premier long choral situé dans une petite ville populaire du Minas Gereis. Et on ne peut que souscrire à son avis enthousiaste. Gabriel et Maurilio Martins signent une oeuvre intense autour de cinq personnages liés par un assassinat lors d’une soirée d’anniversaire pourtant joyeuse et calme. Au cœur du monde raconte, sans une once de misérabilisme, ces hommes et femmes se démenant pour survivre dans un monde rude où l’argent fait défaut. La densité du récit et une mise en scène aussi maîtrisée qu’enveloppante créent de la tension et font surgir la violence comme si elle était banalement ordinaire. Comme si un meurtre en appelait forcément un autre. Un portrait implacable du prolétariat brésilien moderne.
Thierry Cheze

TALKING ABOUT TREES 
★★★☆☆
De Suhaib Gasmelbari

C’est une de ces histoires bigger than life difficiles à raconter en fiction par peur d’en faire trop. Le combat de quatre papys facétieux et idéalistes, quatre réalisateurs soudanais ayant quitté leur pays dans les années 60 pour étudier à l’étranger qui se sont mis en tête de faire revenir le cinéma au Soudan, dépourvu de toute salle. Ce docu raconte cette aventure héroïque sur fond de combat larvé avec un régime dictatorial islamiste (dont on voit le président al-Bashir – renversé depuis – réélu avec 94 % de voix) peu connu pour son appétence pour les arts. Et puis, soudain, sur une toile installée dans un village, surgit Les Temps modernes. Enfants et adultes rient de concert. Mais pour cela, combien d’autorisations à mendier, combien de petits et gros tracas résolus par un sens aigu de la débrouillardise et combien de risques pris. Un beau film poétique et politique.
Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

EMMA PEETERS ★★☆☆☆
De Nicole Palo

Apprentie actrice, Emma cumule les petits jobs comme vendeuse chez Tardy (anagramme de Darty) où elle est régulièrement employée du mois. « Vous avez fait de la pub pour une lessive, non ? », lui demande sur un ton méprisant une directrice de casting qui la recale pour un rôle. Emma, c’est décidé, va en finir avec cette vie laborieuse. En prévision de son suicide, elle négocie ses obsèques auprès d’un employé de pompes funèbres qui va tomber amoureux d’elle… La québécoise Mona Chokri, égérie de Xavier Dolan, campe avec le décalage absurde qu’on lui connaît cette Emma au bout du rouleau. Elle joue ça à merveille mais se heurte aux limites d’un script ni très original ni franchement barré. À noter, dans un petit rôle, la présence fantasque d’Andréa Ferréol.
Christophe Narbonne

PAROLES DE BANDITS 
★★☆☆☆
De Jean Boiron-Lajous

Les bandits, ce sont les clandestins ou ceux qui les aident ? La question est posée en préambule de ce documentaire qui s’intéresse au sort des migrants dans la vallée de la Roya (située à la frontière sud avec l’Italie), fameuse pour abriter le militant Cédric Herrou (le « héros » d’un autre docu, Libre, présenté à Cannes en 2018), arrêté plusieurs fois pour l’assistance qu’il porte aux clandestins. Herrou qu’on voit d’ailleurs dans une séquence clé du film où il jette furieusement de sa maison un matelas, une tente et autres accessoires, les seules « armes » qu’on lui reproche de posséder. Scolaire dans sa forme (différentes voix off se superposent à des images assez banales), Paroles de bandits pointe justement les problèmes humanitaires soulevés par les demandeurs d’asile. Il s’achève sur un témoignage lucide et puissant d’un migrant. Face caméra cette fois.
Christophe Narbonne

 

Et aussi
Le souvenir des années de Thomas Hutteau
Vic le Viking d’Éric Cazes

Reprises
Drôle de drame de Marcel Carné
Les gens de la pluie de Francis Ford Coppola
Millenium Actress de Satoshi Kon
Starcrash de Luigi Cozzi