Chronique d'un couple en pleine déliquescence dans une ambiance de film de maison hantée. Le mariage, c'est l'enfer !
Une nomination à l'Oscar de la meilleure adaptation (remporté cette année- là par Le Seigneur des anneaux), le duo Robert Pulcini- Shari Springer Berman avait frappé fort avec son premier long métrage, American splendor, en 2003. Tellement fort qu'aucun de leurs films suivants (Le Journal d'une baby- sitter, Imogene, Ten thousand Saints) n'est venu confirmer les espoirs enthousiasmants placés en eux. Et voilà que surgit cette adaptation d'un best- seller d'Elizabeth Brundage et avec elle, la sensation d'un retour de flamme. En grande partie parce que comme American splendor qui oscillait entre documentaire et fiction, Dans les angles morts refuse obstinément de rentrer dans la case où on le pense spontanément enfermé. Celle du film de maison hantée. Cette demeure de la vallée de l'Hudson - théâtre de plusieurs tragédies sanglantes – où aménagent un jeune couple new- yorkais - un prof (James Norton flippant) et une peintre (Amanda Seyfried, intense) - et leur petite fille, sur l’insistance de cet enseignant, dont l’apparent côté BCBG va se fissurer au fil de l’intrigue pour révéler toute sa noirceur.
Apparitions furtives de fantômes, délires hallucinatoires... Tout laisse croire à un film d'épouvante classique. Sauf que les amateurs du genre risquent de ne pas y trouver leur compte. Car ce que raconte avant tout ce film oppressant, c'est la déliquescence annoncée d'un couple pourri de l'intérieur. Une descente aux enfers au sens premier du terme où l'être supposément aimé devient l'ennemi, la menace, le bourreau et où le surnaturel mystique (créé à l'image par le directeur de la photo du Only God forgives de Nicolas Winding Refn) n’est jamais une fin en soi mais un moyen pour exprimer la violence morale que fait subir cet homme à sa femme. On regrettera que la dernière ligne droite de ce Dans les angles morts paraisse bien trop obsédée à expliquer les choses plutôt que continuer à les suggérer. Mais l'ensemble déstabilise suffisamment pour séduire.
De Robert Pulcini et Shari Springer Berman. Durée: 1h59. Disponible le 29 avril 2021 sur Netflix
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